Les quelque 4 300 contrôleurs aériens français se sont mitonné, à coups de grève et de mouvements sociaux, un statut aux petits oignons. La Cour des comptes dénonce régulièrement l'opacité de leurs conditions de travail, entretenue par la myopie de la DGAC, leur administration de tutelle. Pour des salaires confortables (5 000 euros en moyenne par mois), les contrôleurs français, plus nombreux relativement que leurs collègues européens, se sont aménagé, de manière officieuse, leurs plages de travail grâce aux "clairances", ces absences tolérées qui s'ajoutent aux congés officiels. "Seuls le chef d'équipe et le chef de salle savent quels sont les contrôleurs réellement présents", écrit la Cour. Finalement, selon ses calculs, les contrôleurs français seraient absents durant 31 semaines, contre 15 semaines pour leurs homologues d'Eurocontrol, organisme basé à Bruxelles.
Ces avantages n'ont pas été acquis du jour au lendemain, mais grâce à la combativité des contrôleurs qui, après avoir arraché de haute lutte, en 1984, le droit de grève, en ont usé et abusé pour améliorer leur paie. Et pour gonfler leurs retraites (4 500 euros en moyenne), qui ont plus que doublé en vingt ans, à contre-courant de l'évolution générale.
Le Point n°2014