Tout ceci implique que la plupart des gens seront forcés par la nécessité d’apprendre à vivre hors de l’économie réelle. Dans cette situation, les SEL et les monnaies locales décrits dans ce livre ne sont pas de simples curiosités _ des initiatives à une trop petite échelle pour une contribution significative aux problèmes toujours plus inquiétants. Il peuvent au contraire fournir les fondements mêmes pour reconstruire les économies locales, qui seules peuvent combler le vide créé par la non-pertinence croissante de l’économie formelle dans la vie réelle.
Autrement dit, comme les entreprises et l’Etat sont de moins en moins en mesure de remplir les fonctions clés qu’ils ont captées à l’économie sociale en grande partie non-monétisée, il n’y aura d’autre alternative que de permettre à cette dernière de reprendre en charge la plupart de des fonctions d’origine. Malheureusement, notre économie sociale est actuellement mal armée pour reprendre de nouvelles fonctions car les ménages, les communautés et les écosystèmes qui assumaient préalablement ces fonctions ont été sérieusement dégradés sous l’impact du développement économique.
Pour cette raison nous ne devrions épargner aucun effort pour les aider. En outre, si la plupart des gens se retrouvent marginalisés et que beaucoup d’entre eux sont dépouillés par l’économie mondiale, ils ne se contenteront pas de s’asseoir tranquillement pour mourir de faim. Beaucoup se révolteront sans aucun doute contre les grandes entreprises qui consomment leurs ressources, polluent leurs terres et leurs rivières, produisent de la nourriture et des biens de consommation que seule l’élite peut s’offrir et ne fournissent que quelques emplois de haute technologie qui sont occupés par des spécialistes venus d’ailleurs
L’humiliation de l’OMC à Seattle en novembre 1999 est sans aucun doute le signe le plus significatif de la réaction du monde aux horreurs de la domination d’entreprise - suivie par les manifestations à Washington et le festival alter-mondialiste de Millau en mars 2000, auquel plus de 50,000 personnes ont participé. Mais beaucoup de ceux qui ont été marginalisés doivent aussi nécessairement se réorganiser et former des économies locales qui, à leur tour, fourniront l’infrastructure économique pour de nouvelles communautés locales. Ces communautés reprendront les fonctions qu’elles ont toujours remplies, les fonctions qui sont leur raison d’être. Le fait que ceci doive nécessairement se produire apparaît comme une lumière sur un horizon lugubrement noir, mais Wendell Berry en voit une autre.
Pour Wendell Berry, la question de l’économie mondiale face à l’économie locale est susceptible d’être d’une importance majeure dans la prochaine décennie, et devrait fournir la base d’un nouveau réalignement politique. Le parti communautaire tel qu’il le voit aurait peu d’argent et donc peu de pouvoir, mais ses adhérents ne pourront qu’augmenter, le transformant rapidement en parti majoritaire. Si un tel parti était vraiment en mesure d’arriver au pouvoir, il devrait être en capacité de développer et mettre en œuvre une stratégie coordonnée pour assurer une transition moins dure vers une société et une économie qui seules peuvent offrir un avenir à nos enfant sur cette planète spoliée.
This is the third paper in a three-part series of papers originally published as ‘The Last Word’ in ‘The case Against The Global Economy & For a Turn towards Localization’ edited by Edward Goldsmith & Jerry Mander and published by Earthscan in 2001 (ISBN 1 85383 742 3, 328 pages, £ 14.95). The first two papers in the series are entitled ‘Turning Towards Localization’ and ‘Community & Democracy’.
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