L'immigration est - avec la sous-fécondité des autochtones - la principale menace qui pèse sur l'avenir de la France. En effet, selon Jacques Dupâquier, la population des ménages immigrés originaires d'Afrique noire, du Maghreb et de Turquie résidant sur le sol métropolitain serait de 5,4 millions environ en 2005, soit 9% de la population métropolitaine, assurant 16% des naissances de Métropole en 2005, 18% en 2023. L'INSEE, pour d'évidentes raisons idéologiques, présente les statistiques de façon tendancieuse pour les rendre difficilement compréhensibles aux yeux du public et dissimuler la gravité de la situation démographique française. Or cette désinformation systématique est largement relayée par toute la presse.
Tout ce qui a été préconisé au sujet de l'intégration ne servira à rien si l'on ne rétablit pas, au préalable, une authentique politique familiale. C'est, de toute évidence, une condition indispensable. Ce n'est pas, en effet, une population vieillissante, frileuse, inquiète de son identité et angoissée de son avenir qui peut se montrer ouverte et accueillante envers les nouveaux venus. Or, depuis une trentaine d'années, la politique familiale française, naguère la plus généreuse et la plus efficace en Europe, a été peu à peu transformée par les hommes politiques de tous bord en politique d'assistance aux cas sociaux. Ces derniers l'ont vidée au fil des années du plus clair de son contenu au profit des autres branches de l'aide sociale, notamment la branche vieillesse. A telle enseigne que autrefois au premier rang pour le montant des allocations familiales (en pourcentage du PIB), la France est aujourd'hui tombée au 9ème rang européen.
Si la France veut connaître un renouveau de sa croissance démographique, et retrouver enfin le simple remplacement des générations de ses autochtones, une politique familiale régénérée en serait le principal moyen. Elle lui permettrait de retrouver les pourcentages atteints 50 ans plus tôt, sous le Général de Gaulle, en 1947. Mais il faut bien aller au-delà des simples allocations familiales. Il importe, en effet de tenir le plus grand compte des évolutions de la société française intervenues depuis 50 ans et notamment des nouvelles aspirations des femmes : celles-ci veulent pouvoir concilier maternité et carrière ; combiner maternité et temps vécu ou temps libre. Pour cela, différents moyens complémentaires doivent être mis en œuvre.
Parmi les différentes mesures qui devraient constituer l'architecture d'une telle politique, la mise au point d'un "statut juridique de la mère de famille au foyer", associé à l'acquisition de droits retraite, devrait figurer en bonne place. Car ces femmes ont choisi, ce qui n'est pas un mince sacrifice, de sacrifier leurs possibilités de carrière pour se consacrer à leurs enfants. Ce qui constitue un investissement sociétal au sens strict du terme. Il s'agit là non seulement d'un question de justice élémentaire et de dignité sociale, mais aussi de sécurité personnelle face aux risques de la vie dans la société d'aujourd'hui, qu'il s'agisse de l'éventualité d'un divorce ou d'une séparation ou tout simplement du décès du conjoint.
A cela doit s'ajouter une protection juridique renforcée en faveur de la mère qui travaille en entreprise privée en prenant modèle sur ce qui existe depuis longtemps dans les pays scandinaves, à savoir :
- le droit de retrouver son emploi à l'issue de congés de maternité sans perdre les droits normaux à promotion.
- la création d'une instance type "prud'homme" pour traiter des cas de licenciements abusifs (ou de non recrutements discriminatoires déguisés) - beaucoup plus fréquent qu'on ne le croit - pour cause de maternité. Ceci implique un concours de l’État, par exemple sous la forme de dégrèvements fiscaux spécifiques, en faveur de l'entreprise privée qui aide les mères de famille de son personnel. Ces entreprises ne doivent pas, en effet, être pénalisées par un handicap de compétitivité par rapport à celles qui ne font rien.
Les allocations familiales destinées à encourager la natalité doivent retrouver leur prééminence, mais sous des modalités différentes, pour tenir compte des changements significatifs qui affectent désormais la composition de la population résidant en France.
Il serait ainsi indispensable d'augmenter fortement les primes à la naissance du premier et deuxième enfant, mesure qui concerne l'immense majorité des mères français, et les diminuer - mieux les supprimer complètement - pour le 3ème et 4ème. La perte de revenu relative subie par les quelques ménages français, peu nombreux, de ce fait serait largement compensée par le déplafonnement, sans aucune condition de ressources, du quotient familial et l'attribution d'allocations spécifiques attribuées par l'employeur, privé ou public. En d'autres termes, lier allocations familiales pour familles nombreuses à l'emploi.
Dans le même état d'esprit, il faudrait indexer les allocations familiales sur l'évolution du revenu des mères situées dans la tranche d'âge de fécondité optimale, soit de 20 à 40 ans. Une mesure plus originale, mais néanmoins indispensable, consisterait à créer une aide financière spécifique en faveur des jeunes filles, et jeunes femmes, celles qui souhaitent avoir des enfants, - à l'âge de la fécondité féminine optimale, à savoir entre 20 et 30 ans. Cette mesure concernerait celles qui veulent concilier maternité et la poursuite en même temps d'études au long niveau universitaire (Bas +5 et plus). A l'heure actuelle, seules les familles aisées peuvent s'offrir ce luxe.
Mais les jeunes mères qui ont mis un enfant au monde doivent pouvoir continuer à travailler tout en vivant dans des conditions normales, ce qui est bien loin d'être le cas aujourd'hui. Cela passe donc par la mise en place d'une aide ménagère considérablement renforcée, avec des crèches à prix réduits et une aide domestique à faible coût. Il faudrait, en outre, instituer une véritable préférence familiale dans l'attribution de logements sociaux et ne pas hésiter à accorder du temps libre aux jeunes mères de famille sous forme de "tickets vacance" donnant accès à des facilités hôtelières à prix très réduit.
La France, façonnée au fil des siècles, telle que nous l'avons connue et aimée, est clairement en danger de disparaître. Il est encore temps de la sauver. Mais il faudra y mettre le prix et mobiliser le concours de tous.
Yves-Marie Laulan, "Restaurer la politique familiale", Les cahiers de l'indépendance n°2