Voilà bien un mystère de Noël, une bonne nouvelle comme on aimerait en voir plus souvent : selon Philippe de Villiers que Nouvelles de France a rencontré ce lundi, Le Roman de Charette en est à sa 5e réimpression et s’est déjà écoulé à 25 000 copies. « Ce genre de livres, quand on en vend 5 000 exemplaires, on est content » lui avait dit Albin Michel. En attendant une conférence à la Catho de Lyon jeudi soir et rassuré par des critiques séduites (« Le meilleur papier est paru dans Libération », observe-t-il) le fondateur du Puy du Fou partage avec nous cette réflexion de son éditeur : « Les Français veulent lire Charette par Philippe de Villiers ». Entretien autour d’une orange pressée, sans langue de bois.
Philippe de Villiers, pourquoi un livre sur Charette ?
Parce que Charette est un héros méconnu. On connaît Charette terrien, Charette vendéen, on ne connaît pas le Charette breton, le Charette marin. J’ai donc multiplié les recherches pendant plusieurs années et j’ai moi-même découvert que la vie du Charette marin était d’une richesse en surprises relevant du plus haut romanesque.
Pourquoi maintenant ?
Parce que Charette me paraît être l’antidote à la folie thaumaturgique de la tentation révolutionnaire, immanente dans la médiacratie. Pour moi, Charette, c’est l’anti-Robespierre. Il incarne la Vendée martyre. Or la Vendée, c’est l’œil de Caïn de l’Histoire de France au sens où Robespierre déclare : Mes chers collègues, nous sommes devant un terrible dilemme : ou bien la Vendée est déclarée coupable et alors, tout ce que nous avons fondé est légitime. Ou bien la Vendée est déclarée innocente. Alors pèsera sur chacun de nous et sur la Révolution toute entière pour la suite des temps, un terrible soupçon. Mais pourquoi Charette est-il si méconnu ? Je ne sais pas. J’ai du mal à croire que c’est le hasard. Peut-être est-ce tout simplement dû à la paresse des historiens du XIXe siècle qui se comportaient en moines copistes. Peut-être aussi parce qu’ils jugent que cette période était sans importance. Sans doute n’avaient-ils pas non plus accès aux documents que j’ai pu me procurer…
Quels sont maintenant vos projets ?
J’ai écrit ce livre comme un scénario. Mon éditeur, Albin Michel, a eu l’intelligence de le traduire en anglais. Le livre est parti à Hollywood. Il est entre les mains de Randall Wallace, le scénariste de Braveheart (1995), que j’ai rencontré à Los Angeles avec le compositeur de la musique du Puy du Fou, Nick Glennie-Smith lorsque nous avons reçu l’Oscar du plus beau parc du monde en mars 2012. D’autres scénaristes travaillent en France sur mon livre dont l’un des meilleurs, Olivier Dazat, le scénariste d’Himalaya, l’enfance d’un chef (1999). Peut-être est-il encore trop tôt pour qu’en France, un producteur prenne la liberté de faire un film sur Charette et la Vendée. L’Histoire officielle n’accepte pas encore qu’on se passe, même sous le manteau, un samizdat de la dissidence. Les producteurs font encore chaque jour la génuflexion oblique du dévot pressé devant le veau d’or. On leur impose de tourner comme des derviches tourneurs jusqu’au vertige autour de l’Arc de triomphe, place de l’Étoile, sur lequel est inscrit le nom du Général Turreau, chef des colonnes infernales et de l’extermination de la « race impure », c’est-à-dire le peuple vendéen. C’est comme si le nom du Général Lammerding était inscrit sur les murs d’Oradour-sur-Glane. En France, l’épigraphie commande le périmètre des libertés. En France, aujourd’hui, en matière d’images, l’épigraphie officielle qui encense les bourreaux, délimite le périmètre de la liberté créatrice. Charette a conquis sa gloire aux États-Unis en se battant là-bas pour la Liberté. Peut-être que la liberté de l’image reviendra des États-Unis… Ce serait un juste retour des choses, pour l’un des plus glorieux membres de l’ordre créé par George Washington, celui de la Société de Cincinnati.
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