Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi du sud au nord du Portugal contre les mesures d'austérité mises en oeuvre par le gouvernement de centre-droit, sous la tutelle de ses créanciers internationaux.
"Changement de cap, nouvelle politique", "Luttons", "Le gouvernement dehors", pouvait-on lire sur de grandes banderoles portées par les manifestants à Lisbonne où quelque 5.000 personnes ont défilé à l'appel de la CGTP, le principal syndicat portugais, promoteur de cette journée de protestation.
"Nos sacrifices tombent dans les poches des voleurs: les banquiers et les politiciens", clamaient des pancartes portées par les manifestants qui agitaient les drapeaux rouges de leur syndicat.
Le secrétaire général de la CGTP, Arménio Carlos s'est déclaré convaincu de la participation de "plusieurs dizaines de milliers de protestataires" aux défilés et rassemblements qui ont eu lieu dans une vingtaine de villes du pays.
La CGTP a assuré qu'à Porto, la grande ville du nord du pays, plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient manifesté et plusieurs milliers dans le sud notamment à Faro et Portimao.
Un bilan précis sur l'ensemble du pays restait toutefois difficile à établir d'autant que les autorités ne communiquent généralement aucune estimation. Le mouvement était destiné notamment à protester contre les hausses d'impôts sans précédent décrétées cette année par le gouvernement tandis que depuis l'année dernière salaires et retraites ont été nettement réduits.
En contrepartie d'un plan de sauvetage de 78 milliards d'euros accordé en mai 2011 par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, le gouvernement du Premier ministre Pedro Passos Coelho met en oeuvre un vaste programme de réformes et de rigueur. "Nous voulons rompre avec les engagements pris en échange du plan d'aide, rompre avec la politique de droite, exiger la démission du gouvernement et de nouvelles élections", a résumé Arménio Carlos sans exclure un nouveau recours à "une grève générale au moment adéquat".
"A partir d'aujourd'hui et jusqu'à la fin du mois de mars il y aura des grèves et des manifestations dans tout le pays", a-t-il annoncé lors d'une prise de parole à la fin de la manifestation à Lisbonne. Les mesures d'austérité que le gouvernement du Premier ministre Pedro Passos Coelho juge indispensables pour rétablir les finances du pays ont contribué à aggraver la récession. L'économie a reculé l'année dernière de 3,2% et le chômage touche désormais 16,9% de la population active et 40% des jeunes. "On ressent quotidiennement le manque d'argent, les transports ont augmenté, les frais de scolarité aussi.
Cette politique n'a pas d'avenir, elle détruit l'économie du pays", estimait Maria Manuel Reis, 55 ans, employée au ministère des Affaires étrangères, également concerné par les coupes budgétaires. Après les hausses d'impôts généralisées, le gouvernement prévoit d'ici 2014 une vaste "réforme de l'Etat" qui devrait permettre des économies supplémentaires de 4 milliards d'euros. Alors que la "troïka" représentant les créanciers du Portugal (UE-FMI-BCE) est attendue a la fin du mois pour un nouvel examen des réformes mises oeuvre en échange du plan d'aide, M. Passos Coelho a récemment admis qu'en raison d'une possible "spirale récessive" il pourrait revoir les objectifs fixés.
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