Pour éviter la fermeture de l'usine Goodyear d'Amiens Nord, Arnaud Montebourg avait espéré que Titan international, dont l'offre de reprise partielle violemment combattue par la CGT du site mi-2012, reviendrait à la table des négociations. Mais le 11 février, le ministre du Redressement productif avait dû annoncer qu'il avait jeté définitivement l'éponge. Le fabricant de pneus agricoles ne « reviendra pas », avait-il déclaré.
Une sobriété qui tranche avec la violence du courrier que lui a adressé le président du groupe américain, Maurice M. Taylor Jr, dont « les Echos » ont obtenu copie (voir document ci-dessous). Extraits.
« Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ? »
« J'ai visité cette usine plusieurs fois. Les salariés français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures. Je l'ai dit en face aux syndicalistes français. Ils m'ont répondu que c'était comme ça en France (...). Monsieur, votre lettre fait état du fait que vous voulez que Titan démarre une discussion. Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ? Titan a l'argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu'a le syndicat fou ? Il a le gouvernement français. Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins d'un euro l'heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin. Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers. Titan n'est pas intéressé par l'usine d'Amiens nord. »