Chacune de ses paroles est traquée, rapportée, interprétée, déformée. Depuis qu'il a annoncé son retrait de la vie politique au soir de sa défaite au second tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy est scruté, dans ses moindres faits et gestes. Il a fallu ces quelques mots, "on se reverra bientôt", prononcés lors d'un dîner entre amis le lundi 4 février, à l'occasion de son 58e anniversaire, pour que la France entière bruisse à nouveau de son possible retour. Quelques jours plus tard, c'est une réponse d'Alain Juppé qui devient la source de toutes les spéculations. Lors d'une émission LCP-Le Monde, le maire de Bordeaux dit "sentir" que Nicolas Sarkozy a "envie" de se présenter en 2017.
Pour un homme supposé être en sevrage, l'ancien chef de l'Etat reste totalement "accro" à la vie publique du pays qu'il a dirigé pendant cinq ans. Pour cela, il reçoit, beaucoup. Des personnalités étrangères, des sportifs, des chefs d'entreprise, de nombreux politiques, pas de journalistes.
Autocondamné au silence public – il n'est sorti de sa réserve qu'une seule fois, en août 2012, pour appeler à une action internationale afin d'arrêter la répression en Syrie –, M. Sarkozy se sert également de ses interlocuteurs pour faire passer des messages. Brice Hortefeux, bien qu'il se défende d'être son "porte-parole", et Claude Guéant, les deux en lesquels il a le plus confiance, se chargent régulièrement de monter au créneau, par exemple sur le Mali ou sur la libération de Florence Cassez, pour défendre les positions de l'ex.
A tous, il ne peut pas s'empêcher de parler des bons sondages qui le concernent, en connaissant par cœur les chiffres. Beaucoup de ceux qui ressortent de son bureau sont convaincus qu'il se représentera en 2017. Certains doutent que ce soit possible quand ils ne le souhaitent carrément pas. "Il faudrait vraiment des circonstances exceptionnelles, que tout le monde soit d'accord et qu'il montre qu'il a vraiment changé", grince un ancien membre du gouvernement.
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