Les États-Unis ne peuvent plus être la locomotive de croissance globale et continuer à exporter leur inflation dans le reste d'un monde qui en a déjà assez d'avoir longtemps absorbé l'effet de leurs bulles et de leurs produits toxiques. Selon Nouriel Roubini, Marc Faber, Max Keiser et d'autres analystes, un krach du billet vert se prépare. Il serait inévitable. Le principal risque planétaire actuel, à court terme, est une crise de la dette souveraine américaine. La plus grande économie du monde n'est qu'une vaste illusion. Que dire d'une économie qui, pour produire 14 000 milliards de PIB, a généré plus de 50 000 milliards de dette et qui coûte 4 000 milliards par an en seuls intérêts ? Si les États-Unis étaient une entreprise, ils seraient immédiatement mis en liquidation. "Si l'hyper-inflation était une manière de créer de la richesse, le Zimbabwe serait un pays très riche" lance Pierre Leconte, en guise de boutade.
Ce n'est plus une question de temps avant que nous assistions à l'éclatement de la gigantesque bulle de la dette et du dollar. Celui-ci a d'ailleurs perdu 97% de sa valeur depuis 1913, date de la création de la Réserve fédérale. Voltaire, déjà, écrivait qu'"une monnaie papier, fondée sur la seule confiance dans le gouvernement qui l'imprime, finit toujours par retourner à sa valeur intrinsèque, c'est-à-dire zéro." Pivot du système financier d'après-guerre, le billet vert est assis sur un volcan : celui d'une bulle d'endettements insoutenables affectant une économie de château de cartes, elle-même enjolivée par des statistiques officielles trompeuses, destinées à masquer son état de faillite technique. La montagne de billets de dollars imprimée ces dernières années par la Réserve fédérale n'est autre que la plus grande bulle spéculative de l'histoire qui prendra fin dans la douleur. La seule question qui reste est de savoir combien de dégâts supplémentaires seraient infligés à l'économie mondiale.
Face à tant de risques, qui achète encore cette dette américaine ? Certainement plus le Japon et la Chine qui l'ont fait jusqu'à présent et qui ont été remplacés, en tant que plus grands souscripteurs de bons du Trésor américain, par la Réserve fédérale elle-même, laquelle rachète donc la dette qu'elle émet ! L'analyste suisse Marc Faber nous "garantit à 100% que les États-Unis auront une hyper-inflation comme celle du Zimbabwe." Et son collègue Nouriel Roubini de conclure que "le système financier américain est réellement insolvable."
Ce n'est pas tout ! La dette américaine n'est que la partie émergée de l'iceberg. Il faut y ajouter les engagements non provisionnés pour les programmes de rentes futures liés à la sécurité sociale, à la couverture médicale et les retraites des 80 millions de baby-boomers. A partir de 2011, ces derniers devront chaque année retirer un pourcentage de leur fonds de retraite pour pouvoir payer leur train de vie : cette dynamique déclenchera un effondrement boursier tel que nous n'en avons encore jamais connu ! En ce qui concerne l'industrie, même si le dollar baissait de 50%, les États-Unis ne seraient pas pour autant compétitifs avec la Chine, pays dans lequel le salaire moyen est de 5 ou 10 dollars par jour contre 120 dollars aux États-Unis. Pas étonnant que, pour ralentir le moment de leur chute inévitable, la seule issue possible soit la fuite en avant !
Il y a une autre option qu'il ne faut pas écarter : la guerre. C'est bien grâce à la guerre que les États-Unis se sont sortis de la Grande Dépression. C'est une solution bien tentante. Faire la guerre comporte de nombreux avantages : mobiliser le sentiment patriotique, faire tourner l'industrie, transformer les chômeurs en chair à canon et, si la victoire est au bout, s'emparer des ressources des vaincus ou leur imposer sa domination ! Et les ennemis à fabriquer ne manquent pas ! Le seul tracas est que si on sait comment les guerres commencent, on ne peut pas prédire comment elles vont se dérouler et se terminer. Les Américains devraient avoir retenu la leçon après la Corée et le Vietnam et les aventures désastreuses et coûteuses (3 trillions au minimum) que sont l’Irak, l'Afghanistan et bientôt la Libye. Donc, que faire ? Une autre guerre contre des mots (la terreur, la drogue, pourquoi pas la calvitie...) ou contre un petit pays (Yémen, Syrie, etc.) ne serait pas assez majestueuse. Des guerres humanitaires ou dont le but serait (bien sûr) d'apporter la démocratie et les droits de l'homme à des pays de taille moyenne (Iran, Venezuela, Nigeria, etc.) seraient très intéressantes mais comporteraient une occupation au sol dangereuse et coûteuse. Il reste bien la guerre thermonucléaire globale, contre la Chine ou la Russie, qui a beaucoup plus de gueule et pourrait bien résoudre, à long terme, à la fois les problèmes de surpopulation, de concurrence économique et de ressources. Kaboum ! En 20 minutes, tout est réglé. Sauf que là aussi, rien n'est sûr, et le retour de bâton (nucléaire) pourrait rendre cette option extrême peu réaliste.
Piero San Giorgio, Survivre à l'effondrement économique