Entre les riches et les pauvres, se trouve la classe moyenne. Celle-ci passe un très mauvais moment. D'une part, elle est économiquement mise sous pression par les délocalisations et la concurrence économique, d'autre part, elle commence à sentir l'effet de l'inflation et a vu ses économies pulvérisées avec les chutes incessantes des bourses. Enfin, elle s'est endettée pour pas mal de temps afin de pouvoir acheter une maison ou un appartement, ou, parfois, tout simplement pour maintenir son statut social. Après s'être enrichie pendant les trente glorieuses, elle n'a fait, depuis trois décennies, que s'appauvrir et perdre en pouvoir d'achat.
C'est surtout psychologiquement que cette middle-class souffre. La publicité vend collectivement l'idée que des besoins qualitatifs peuvent être assouvis par de la quantité. Il est bien évidemment impossible d'assouvir des besoins émotionnels et spirituels par la consommation - du moins pas au-delà du très court moment de satisfaction qu'un achat procure mais qui laisse vite place à des sentiments d'ennui, d'insatisfaction, voire de déprime. La consommation est une sorte d'addiction, dont la victime exige son fix de plus en plus fréquemment. Ce syndrome est entretenu par les modes, elles-mêmes renforcées par une sorte de féminisation générale de la société. La publicité vend aussi des illusions et de la peur. Non seulement elle nous montre que pour être heureux, il faut être beau et riche, mais si on ne l'est pas, on est un perdant, un loser. Depuis l'enfance, nous sommes martelés par des millions de messages publicitaires à la télévision, dans les journaux, dans les magazines et dans la rue. Ces messages créent une pression immense et nous ordonnent d'être comme les autres. Il est extrêmement difficile de résister. Il suffit d'avoir des enfants pour remarquer à quel point cette propagande constante les touche tôt, et avec quelle grande efficacité ! Le Fidel Castro en a bien compris les effets lorsqu'il déclare lors de l'un de ses discours : "La publicité distille constamment son venin, faisant naître des rêves et des illusions, des envies de consommer impossibles à satisfaire."
Piero San Giorgio, Survivre à l'effondrement économique