En Tunisie, salafistes et modérés s’affrontent dans les universités et les lycées, où le buzz du «Harlem Shake» se répand. Un appel a été lancé sur les réseaux sociaux pour la tenue d’une danse géante devant le ministère de l’Éducation.
Des heurts ont opposé dans deux villes tunisiennes des élèves et des salafistes empêchant des mises en scène du buzz «Harlem Shake» ,sujet de querelle grandissant dans le pays.
A l’Université de la Manouba, dans la banlieue de Tunis, où depuis plus d’un an des incidents entre étudiants laïcs et salafistes ont lieu régulièrement, des affrontements ont débuté jeudi 28 février après-midi entre un groupe de jeunes voulant filmer le «Harlem Shake» et des militants islamistes, selon le gardien de la faculté des arts et des lettres. La police a alors été obligée d’intervenir pour séparer les deux groupes, et il a fallu attendre la fin de l’après-midi pour que le calme revienne. Des évènements similaires avaient déjà eu lieu la veille dans une faculté de la cité El Khadra de Tunis, bastion de la mouvance salafiste.
«Une danse occidentale de mécréants»
À Sidi Bouzid ,berceau de la révolution de 2011, des élèves du lycée de Regueb avaient eux aussi voulu filmer mercredi leur version de cette danse dans leur établissement scolaire. Ayant essuyé un refus du proviseur, ils s’y sont attelés dans la rue, ont expliqué l’enseignant Mohamed Kadri et le surveillant Mounir Jebli, présents au moment des faits.
Un groupe d’une vingtaine de militants salafistes sont alors intervenus, brutalisant les lycéens en leur criant que le Harlem Shake était «une danse occidentale de mécréants», selon les dires des deux témoins. Ce même groupe de militants serait revenu jeudi pour brutaliser à nouveau les lycéens.
La chanson électro-dance «Harlem Shake» a déclenché un phénomène viral sur Internet, dont se sont emparés des millions d’internautes sur Youtube. Sur les vidéos de 30 secondes, on peut voir plusieurs personnes déguisées à outrance ou dénudées danser de façon frénétique. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses pages pro-islamistes dénoncent le «Harlem Shake», le jugeant indécent et non conforme à l’islam.
«Nous ne souhaitons offenser ou provoquer personne»
Une multitude d’établissements éducatifs tunisiens ont réalisé de telles vidéos ces derniers jours après que le ministre de l’Education, Abdellatif Abid a ordonné une enquête dans un lycée en raison d’une de ces mises en scène. En réaction, un appel a été lancé sur les réseaux sociaux pour la tenue d’un «Harlem Shake» géant vendredi devant le ministère de l’Éducation. Plus de 9000 étudiants ont indiqué vouloir y participer.
Contactés par l’AFP, les organisateurs ont indiqué maintenir l’évènement «malgré les risques». Dans un communiqué, ils ont expliqué vouloir exprimer leur solidarité envers les lycéens visés par l’enquête du ministère. «A travers cet évènement, nous ne souhaitons offenser ou provoquer personne», écrivent-ils, «nous voulons juste défendre notre droit au rêve, à la création, à l’expression et à la joie. Notre démarche est pacifiste et souriante. Nous militons pour bien vivre ensemble, dans le respect de la liberté subjective de chacun».
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