Le gouvernement britannique a déchu de leur nationalité une vingtaine de binationaux suspectés d'activités terroristes. Deux d'entre eux ont depuis été tués par des drones américains.
En février 2012, quatre militants islamistes supposés sont tués dans l'attaque d'un drone américain en Somalie. Parmi eux, Mohamed Sakr, est présenté comme un «Égyptien de haut niveau». Il détenait bien un passeport égyptien, mais il était né au Royaume-Uni où il avait vécu avant d'être privé de sa nationalité britannique sur ordre du ministère de l'Intérieur en septembre 2010.
Le même sort a été réservé à Bilal al-Berjawi, citoyen britannico-libanais, tué l'an dernier de la même manière en Somalie juste après avoir appelé sa femme en Grande-Bretagne pour la féliciter de la naissance de leur fils. Selon sa famille, l'armée américaine avait pu le localiser grâce à cet appel depuis son portable. Lui aussi avait été privé de son passeport britannique en 2010.
Le gouvernement se lave les mains de leur sort
Le gouvernement britannique a discrètement déchu de leur nationalité vingt et un de ses ressortissants binationaux soupçonnés d'activités terroristes depuis 2010, selon une enquête du Bureau of Investigative Journalism publiée dans The Independent. Au moins cinq d'entre eux étaient nés au Royaume-Uni, d'autres y avaient passé la majeure partie de leur vie. Une famille entière a été empêchée de revenir dans le pays alors que le père a été déchu de sa nationalité pendant qu'il était en vacances au Soudan, son pays d'origine, avec sa femme et ses quatre enfants.
Une fois qu'il ont été privés de leur passeport britannique, le Royaume-Uni ferme les yeux sur le sort de ses ex-ressortissants, tués par des drones américains ou arrêtés et emprisonnés. Une pratique «aussi cruelle et arbitraire que l'exil médiéval», estime l'avocat des droits de l'homme Gareth Pierce. Dans l'impossibilité de revenir au Royaume-Uni, les intéressés n'ont guère de moyen de contester la décision légalement.
Le gouvernement s'appuie sur une loi adoptée en 2002 qui permet de priver de la nationalité britannique un citoyen détenteur de deux passeports qui présenterait «une menace sérieuse» pour le Royaume-Uni. Simon Hughes, numéro deux du Parti libéral-démocrate, allié aux conservateurs dans la coalition gouvernementale, prévoit d'écrire à la ministre de l'Intérieur, Theresa May pour lui demander «une évaluation de la situation afin de voir si la loi fonctionne comme prévu». S'il reconnaît qu'il existe dans la majorité des cas une inquiétude sur la sécurité, il se dit «préoccupé par le nombre croissant de gens qui auraient perdu leur nationalité».
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