Mardi soir, sur RMC Sport, dans l’émission Luis Attaque, le footballeur ingrat déclamait avec nonchalance qu’il n’avait jamais chanté la Marseillaise. Ce mutisme n’avait pas échappé aux fiers supporteurs français dont je fais partie, à ceux dont l’hymne national, plus que faire simplement hérisser les poils, provoque jusqu’à une certaine tachycardie et une boule dans la gorge quand les larmes ne sont jamais bien loin. Car un peuple soumis au même cri, c’est le souvenir du fruit passé, de cette folle lignée de factionnaires de l’armée du Rhin unis contre le sang impur et le teint blafard. Et qu’admirer nos frères vêtus du maillot bleu, formant une colonne de molosses agencée pour le front, c’est l’image que l’on veut retenir des valeurs du sport, de ces mercenaires de la patrie mus par le seul dessein du combat. Pour la beauté du geste. Karim en est visiblement exempt car il ne doit rien à l’État qui a accueilli ses parents. Ni dette, ni reconnaissance, ni même amour ; ses crachats à la figure de ses concitoyens sont donc légitimes.
Karim ne doit rien à la justice non plus, car Karim demeure au-dessus de la simple notion de légalité, raison pour laquelle il comparaîtra d’ailleurs fin juin devant le tribunal correctionnel de Paris, accusé d’avoir eu recours aux services d’une prostituée mineure répondant au désormais célèbre nom de Zahia. Pour ces frasques dont ne se rendrait pas coupable le plus minable d’entre nous, il encourt trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. À se croire tout permis, il l’a perdu, d’ailleurs, le sien ! Flashé à 216 km/heure sur une autoroute près de Madrid, il a été condamné il y a une semaine à 18 000 euros d’amende et huit mois de suspension de permis. Approximativement, il en gagne le double en une journée de travail. Si je n’ai aucune légitimité pour m’associer à ceux qui raillent ses incapacités sportives, si je ne me prononcerai pas sur le salaire décent que doit toucher un garçonnet pour faire le pitre sur un terrain, je suis pourtant de ceux que les carences de civisme exaspèrent. Tout en Karim me débecte, donc.
L’incident serait presque clos et ma prose acerbe rassasiée s’il ne me revenait à l’esprit un drôle d’événement, daté du 22 mars 2012. Souvenez-vous, ce jour-ci, Mohamed Merah décédait sous l’assaut du RAID et la France tout entière, pleurant ses morts, se rassurait d’avoir mis fin à l’épopée sanglante de ce terroriste névrosé. Toute ? Non ! Le propriétaire du compte Facebook « Kimo Benze », que certains de mes confrères de la presse people (Public, pour ne pas les citer) associeront un mois plus tard au footballeur madrilène, déclarait « Allah yahamou… Y a mis la France à genoux à lui tout seul… »Comprenez, qu’Allah fasse miséricorde à Mohamed Merah… Rapidement, le statut était supprimé et aucun média ne relaiera l’odieuse insolence de l’individu, dont on ignore encore officiellement l’identité. S’il advenait que Karim Benzema déposât plainte pour diffamation, nous en aurions certainement le cœur net. En attendant, l’un de nous deux peut toujours se prévaloir d’en avoir, du cœur, et assez pour ne pas souiller les symboles d’une patrie qui lui a fait endosser un maillot de grand homme ; foutrement trop large pour ses minables épaules.
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