Partisan du mariage gay, il s'est fait charger comme les manifestants de dimanche. Matthieu Castellano a contacté Le Figaro après s'être reconnu sur une photo. Il raconte la «violence gratuite» des CRS.
C'est un partisan du mariage gay, mais comme des retraités, des familles qu'il observait depuis la fenêtre de son bureau, il s'est pris, à la fin de la Manif pour tous, un jet de gaz lacrymogène en pleine figure. «Je travaillais, ce dimanche, dans mon bureau au coin des Champs-Élysées et de la rue Arsène-Houssaye, raconte Matthieu Castellano, un cadre de 31 ans, lorsque j'ai assisté à la première charge de la police. Je n'ai vu que des familles avec enfants, des retraités, même un ancien combattant, pas des casseurs! C'est pour cela que je suis descendu, outré par la violence des CRS.»
Le jeune homme propose sa bouteille d'eau à des manifestants incommodés par les gaz lacrymogènes. «Je stationnais près de la boutique Mont-Blanc, prenant des photos, quand tout à coup toute la ligne des CRS a chargé, sans sommation, indique-t-il. Je suis incapable d'expliquer pourquoi. Je ne pense pas que les policiers se soient sentis en danger: quelques instants auparavant, l'un d'entre eux m'avait demandé l'heure !» Une «charge gratuite», selon Matthieu Castellano, qui entend un retraité crier: «Ne tapez pas! On n'est pas là pour ça!» Un gendarme mobile lui répond: «Si vous nous tapez, on vous tape!»
«Eux aussi ont le droit de s'exprimer»
«Moi, j'étais en costume, il n'y avait rien qui puisse les laisser penser que j'étais un casseur! s'émeut le jeune homme. J'ai tout de même été aspergé de gaz par un CRS qui était à 50 cm de moi!» Le visage lui brûle, il ne peut plus ouvrir les yeux, mais est rapidement secouru par un couple de manifestants. Aujourd'hui, lui qui estime que «le mariage homosexuel est une évolution tout à fait normale de notre société», il s'insurge contre «ce gouvernement qui va amnistier les syndicalistes casseurs, mais qui n'hésite pas à envoyer des gaz lacrymogènes sur des manifestants pacifiques». «Il faut qu'il y ait un vrai débat, souligne-t-il. Eux aussi ont le droit de manifester et de s'exprimer librement…»
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