Il y a comme une odeur de souffre, je ne suis peut-être pas né trop tard ! Nos lèvres sont sèches et nos paupières encore marquées parce que nous avons refusé d’être les gentils élèves d’une République qui tabasse ses enfants alors qu’ils demandent simplement à être écoutés.
Maintenant je le sais, il y a un avant et un après dimanche. Ceux qui jusque-là étaient dociles ont vu de leurs yeux ce qu’était l’injustice – celle qui frappe les innocents, les sans-grades mais pas les absents ! Nous oublions le goût des larmes mais pas vos coups, nous essuyons les tâches de sang mais refusons de baisser le genou. Aujourd’hui en France, se réveille la résistance. Le polo à col relevé côtoie un bandana noué sur le nez, car l’un comme l’autre a pris place du même côté de la barricade.
Chaque époque a les héros qu’elle mérite me disait-on. J’ai pu constater en cette nuit de mars 2013, du haut de ce feu tricolore qui me servait de perchoir pour scander quelques slogans, que notre génération a aussi sa place à prendre dans les pages des manuels. Je revois encore cette poignée d’insoumis sachant très bien qu’elle ne faisait pas le poids devant l’artillerie lourde des CRS, tenir le pavé pour ne pas laisser un certain nombre de valeurs mourir.
Oui le printemps français est là, il bouillonne dans les veines et enflamme le coeur d’une France décidée à ne plus rester silencieuse. Alors, s’il est vrai que les Écritures nous demandent de savoir tendre l’autre joue, Dieu, lui, a eu l’intelligence de ne nous en donner que deux ! En vérité en vérité je vous l’écris, demain ne sera pas comme hier !