Hier soir, les chaînes de télévision se galvanisaient d’une matinée de collage organisée par des militants de La Manif pour Tous sur les locaux des LGBT à Paris. Hier soir, on vous voyait, triomphante, dénoncer « la violence » de ces jeunes et leurs « exactions afin qu’ils soient punis » pour un simple collage d’affiches. Vous vous en prenez par ailleurs ceux qui portent « préjudice à la philosophie de La Manif pour Tous ». Mais Frigide Barjot, de quel droit condamnez-vous les militants de La Manif pour Tous qui ont le courage de hausser le ton face à ce gouvernement opiniâtrement aveugle et têtu ? Qui êtes-vous pour tourmenter ceux qui luttent à vos côtés pour le retrait du projet de loi Taubira. D’autant que les méthodes utilisées sont à la mesure de celles que vous avez ordonnancées en incitant à planter sa tente sur les Champs-Élysées, il fut un temps.
Ces gens que vous traitez de « délinquants », ne sont en fait que des gens normaux, des citoyens très en colère. Parce qu’en six mois de manifestations, de pétitions, de communication, voir de mondanités avec le gouvernement, il n’y a pas eu le moindre recul du projet de loi dit « mariage pour tous ».
La défense du mariage et de l’adoption par des couples hétérosexuels est-il un combat fondamental ? Est-il évitable de rentrer dans un rapport de force à ce stade du mouvement, face à un Sénateur rapporteur Jean-Pierre Michel qui déclare lui-même que « le droit n’est qu’un rapport de force » ou à une Madame Taubira qui annonce « une réforme de civilisation » ?
Frigide Barjot, vous avez, vous-même demandé à la foule du 24 mars de « ne rien lâcher ». Que cela veut-il dire « rien lâcher » si ce n’est d’user de toutes les méthodes ? Car si la fin ne justifie pas les moyens, c’est aussi savoir prendre la mesure des moyens dont ne se privent pas nos opposants. Dans tous les cas, pour notre camp, ne rien lâcher, c’est surtout ne pas lâcher ses amis, ceux qui combattent contre ce texte scélérat ! Pouvez-vous comprendre qu’en province, cet acte de révolte contre le symbole de l’idéologie nous a tout simplement fait… du bien.
Cessez donc les amalgames tragiques et les « ca suffit » intempestifs ! Condamnez les Jeunesses nationalistes ! Condamnez les groupuscules activistes ! Condamnez encore et toujours l’entêtement du gouvernement ! Mais ne condamnez pas, de grâce, les militants de La Manif pour Tous, ni du Printemps Français, ni toute autre forme de militantisme à venir, déterminé à abattre cet inique projet de loi.
« Plus que jamais en ce moment nous avons besoin d’unité et non d’uniformité, de liberté d’action et non d’une discipline bêlante du troupeau qui va à l’abattoir. »
À ce niveau d’engagement du peuple, vous ne pouvez plus accaparer le mouvement « La Manif pour Tous ». Personne ne peut prétendre le récupérer. Personne n’a été élu à la tête de ce mouvement de foule. Personne ne veut d’un mouvement-parti, imposant une discipline centralisée. Personne ne souhaite non plus voir se transformer ce mouvement spontané et populaire en une pensée unique.
Faut-il vous rappeler que nous luttons ensemble contre le totalitarisme ?
Il n’est plus envisageable, Frigide Barjot, d’accuser les manifestants d’être des extrémistes quand le ton monte et de les féliciter quand il n’y a pas ou peu d’effets.
Vous êtes, certes, un des piliers de cette contestation vivante et noble, une de ses porte-paroles, parmi d’autres… Il ne faut pas laisser s’essouffler ce mouvement de la société civile, qui a su grandir et s’épanouir sous des formes diverses. C’est le principe du mouvement de masse.
Vous n’avez pas l’autorité pour condamner les militants, vous n’avez pas la légitimité pour dénoncer un mouvement complémentaire. Vous n’avez pas non plus la responsabilité d’en supporter les conséquences. Plus que jamais en ce moment nous avons besoin d’unité et non d’uniformité, de liberté d’action et non d’une discipline bêlante du troupeau qui va à l’abattoir. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, cela vaut pour Monsieur Hollande. Aujourd’hui, vous devez accepter, avec Baudouin, Albéric, Xavier, Laurence, Ludovine, etc. que notre mouvement est multiforme et protéiforme. Vous devez comprendre que vous n’avez plus le monopole du cœur, ni celui des modalités d’actions. Pour rester au cœur du combat, ne vous trompez pas de cible. Garder la voie de la sérénité, comprenez l’audace d’autres acteurs… Ne jugez pas trop vite et tenter par delà vos orgueils à fédérer largement, vous y gagnerez la reconquête de l’unité du mouvement. Ne lâchez personne dans notre camp sans quoi irrémédiablement, un jour, c’est vous serez lâchée. Et souvenez vous qu’ à force de tout contrôler, tout réglementer, Lech Walesa, fondateur symbolique de Solidarnosc, a fini par être méprisé des Polonais et acculé à la démission.
J’attends de vous le courage et la conviction que vous avez-su nous démontrer. Il y v a de l’avenir des enfants, de la France et de notre civilisation.
Fraternellement,
Une militante engagée dans LMPT et soutien de toute action de résistance civile, légitime face à un projet de loi odieux et déstructurant.
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