L'ancien maire d'Hénin-Beaumont qui sera bientôt jugé pour faux, usage de faux, détournements de fonds et fausses factures estime que le premier secrétaire d'alors ne pouvait pas ignorer le fonctionnement occulte du PS dans le Pas-de-Calais.
«Et Hollande, que savait-il ?» : c'est la dernière grenade que veut dégoupiller Gérard Dalongeville, l'ancien maire d'Hénin-Beaumont, dans son deuxième ouvrage dont Le Figaro a lu les épreuves. Une sorte de bouteille à la mer qui doit paraître une semaine avant l'ouverture de son procès en correctionnelle. L'élu déchu, qui a déjà passé près d'un an sous les verrous, a déjà prévenu: il n'est pas prêt à payer pour les autres. Or l'édile est renvoyé devant le tribunal correctionnel, avec une vingtaine d'autres prévenus, pour toute une liste de charges - faux, usage de faux, détournements de fonds, fausses factures… Les enquêteurs ont en effet mis à nu le fonctionnement délirant d'une mairie où affluaient commissions et surfacturations en tous genres, et même flairé le parfum de la mafia.
Dans le premier «tome» rédigé à sa sortie de prison après qu'il ait eu, non sans raison, le sentiment d'avoir été «lâché» par les siens, Gérard Dalongeville a voulu expliquer le «système» dans lequel il s'était inscrit, disait-il, «pour sa famille politique», le PS. Il avait déjà pris le parti de décrire un système de financement politique occulte via un réseau d'entreprises amies du PS, d'autant plus généreuses selon lui en commissions que les élus l'étaient en marchés publics…
«Une vraie bête politique»
La justice a ouvert plusieurs enquêtes, dont les plus sensibles ne sont pas achevées. Mais sans attendre, l'ancien maire attaque, à la veille de son procès, la montagne par un autre flanc: il veut montrer qu'au sommet du Parti socialiste, donc aujourd'hui au sommet de l'État, on n'ignorait rien des pratiques de la fédération la plus importante du PS. Il décrit notamment par le menu la visite effectuée par François Hollande à Hénin-Beaumont, en sa compagnie - alors qu'il était encore maire - pour s'assurer, dit-il, du soutien de la «fédé».
«Une vraie bête politique, décrit Gérard Dalongeville, à propos de ce déplacement du premier secrétaire sur ses terres le 21 février 2008. Les caricatures l'associent déjà pourtant au petit gros hésitant. Mais c'est ici le vrai Hollande qui est au travail (…) Dans le Pas-de-Calais, on vote comme le maire de la commune. Voilà déjà plus de 2000 voix acquises», poursuit l'auteur. La suite est plus cruelle: Dalongeville raconte la remise de médaille par François Hollande au premier adjoint, Claude Chopin, un homme que l'ancien maire a toujours décrit comme la cheville ouvrière du financement du PS local, toujours prêt à effectuer des allers-retours au Luxembourg pour alimenter la machine en liquidités. Ce jour-là, «le blanchisseur est mis à l'honneur», écrit l'auteur de PS Je t'aime moi non plus.
Pourquoi ce retour dans le passé? «Pour illustrer la proximité des rapports unissant François Hollande (…) aux différents élus du Pas-de-Calais, ceux-là même qui sont entendus aujourd'hui par la justice», écrit Dalongeville en faisant allusion à Jean-Pierre Kucheida, l'ex-député maire de Liévin - qui comparaissait en correctionnelle mardi - et même à Daniel Percheron, président du conseil régional. «François Hollande pouvait-il ignorer tout cela?» s'interroge l'auteur, décidé à faire citer l'ancien premier secrétaire du PS en qualité de témoin à son procès dans l'espoir d'entendre sa réponse.
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