Depuis le week-end dernier, plus de 200 opposants au mariage gay ont été interpellés. Près de 70 ont été placés en garde à vue après avoir tenté de camper pacifiquement devant l'Assemblée nationale, dimanche. «C'était une manifestation non déclarée. Les sommations d'usage ont été faites», rappelle-t-on dans l'entourage du préfet de police, Bernard Boucault.
Le 15 septembre 2012, une autre manifestation «spontanée» avait eu lieu, à l'appel des salafistes cette fois, devant l'ambassade des États-Unis. Bilan: 152 arrestations et aucune garde à vue immédiate… Y a-t-il une doctrine claire en matière d'ordre public dans la capitale? Le parquet juge en opportunité…
Pour l'heure, «la situation est très tendue», confie un chef d'unité de CRS. Sa compagnie a été envoyée en renfort en région parisienne, comme d'autres forces «supplétives» venues de province. Elle doit pouvoir rejoindre Paris en un éclair, en cas de besoin.
Mais déjà, le besoin se fait sentir. «On fait moins de sécurisation des cités et plus de missions pour protéger les palais nationaux», reconnaît un officier des forces mobiles. Selon lui,«la tension est d'autant plus vive qu'il n'y a pas que ce conflit. Celui des entreprises en difficulté, notamment PSA, met nos nerfs à rude épreuve», explique-t-il. «Les échauffourées de Goodyear à Rueil-Malmaison le 7 mars dernier, c'est 19 policiers blessés en quatre minutes», renchérit Fabrice Jacquet, secrétaire national de Synergie-officiers.
La technique du harcèlement pratiquée par les anti-mariage gay désoriente visiblement les autorités.«Le pire en matière d'ordre public, c'est l'imprévu», explique un expert. «Le risque de voir un ministre pris à partie ou un bâtiment public envahi peut conduire à des actions de police dans l'urgence, mal dosées, mal interprétées», assure-t-il. «Tout cela va mal finir», déclare même un haut fonctionnaire.
En plus des quelque 800 hommes de ses compagnies de sécurisation de la Direction de l'ordre public (DOPC), la préfecture dispose d'une centaine d'agents des brigades d'information de voie publique (BIVP), souvent en civil, qui se relaient jour et nuit aux abords des points sensibles, comme l'Assemblée ou le Sénat. La Direction du renseignement de la PP scrute les blogs, les forums, Tweeter, Facebook, à l'affût du moindre indice. Les effectifs de quartier en tenue ont pour consigne de signaler tout attroupement suspect.
Ils le firent à Pâques, dans le XVIIe, alertant sur un rassemblement d'hommes «en soutanes». Les effectifs d'intervention ont été requis. Fausse alerte: c'était une sortie de messe… La DOPC en rit encore.
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