Exploités par des adultes, des mineurs s'introduisent par la trappe à journaux des kiosques et pillent les fonds de caisse. La Sécurité publique parisienne a réussi un flagrant délit mardi.
Ils prétendent s'appeler Mustafa, Vassili ou Andreï. Des prénoms qui changent à chaque arrestation. Des mineurs roumains, dont deux de 14 ans, et les adultes qui les exploitent ont mis en colère les kiosquiers, de Paris à Neuilly. À l'actif de ce réseau de délinquants : pas moins d'une cinquantaine de vols avec effraction en deux mois dans les guérites des marchands de journaux.
Les gamins opèrent à la nuit tombée, en passant par la trappe où les livreurs distribuent revues et quotidiens. Une fois à l'intérieur, ils s'emparent du fond de caisse mais aussi de tout ce qui peut se revendre: cartes de rechargement de mobiles, mobiles jetables, cartes de parking, timbres…
Un kiosquier de l'avenue de Matignon, dans le VIIIe, s'est ainsi fait subtiliser 4000 euros, la nuit du 7 au 8 octobre. Un autre, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) a vu s'envoler 6000 euros de recette en une nuit.
Samedi dernier, le représentant de la profession, Michel Arthémise, président du Syndicat national de la librairie et de la presse, était monté au créneau, assurant avoir écrit au ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, et au maire de Paris, Bertrand Delanoë, pour que cesse le trouble. Mardi, la police d'agglomération parisienne a en partie répondu à son appel en interpellant l'un de ces gamins en flagrant délit, alors qu'il venait de dévaliser un kiosque de l'impasse Bonne-Nouvelle, dans le Xe arrondissement. Son complice, ce soir-là, a réussi à prendre la fuite et était activement recherché mardi soir. Il a fallu mettre en place une opération de surveillance des brigades anticriminalité (BAC) et des effectifs de quartier durant des semaines pour réussir ce flagrant délit.
Trahis par leurs empreintes
Le 14 octobre dernier, la BAC du VIe est intervenue sur une tentative d'effraction dans un kiosque de la rue de Sèvres, dans le VIIe. Deux gamins ont été interpellés. Ils prétendaient avoir moins de 13 ans. «Ils avaient bien appris leur leçon, explique un officier de police, sachant qu'en dessous de 13 ans ils échappent à la garde à vue.» La police a dû les relâcher dans la foulée, faute de précision sur leur identité réelle et leur possible lien avec d'autres affaires. Mais elle a pris leurs empreintes.
Les résultats de la police scientifique sont tombés quelques heures plus tard: les deux suspects étaient bien à l'origine de plusieurs méfaits. Un officier de liaison roumain a pu consulter les fichiers de police dans son pays pour identifier de façon certaine les deux adolescents, qui avaient laissé des empreintes partout dans les kiosques.
Le 25 octobre, la BAC du XVIIe arrondissement les a repérés, grâce à la diffusion de leurs photos par le service d'investigation de la police d'agglomération parisienne. Ils ont de nouveau été arrêtés. Mais le mandat de recherche du parquet est parvenu trop tard et il a fallu les relâcher une seconde fois… Dans la nuit du 27 ou 28 octobre, six nouvelles effractions ont eu lieu, dans des kiosques des IIe, IIIe, VIIIe et XVIe arrondissements. Mais la chance va sourire aux policiers. Mardi, à 4 h 45, nos voleurs sont surpris en flagrant délit. L'un d'eux est interpellé avec la caisse du kiosque. «Le second a détalé comme un petit diable», commente un agent parisien qui a suivi l'affaire.
La police devait profiter du temps de la garde à vue du jeune arrêté pour tenter d'identifier où il résidait. Malgré la multitude d'infractions qui peuvent lui être attribuées, les agents se faisaient peu d'illusion sur son sort. «Il sera bientôt libre pour reprendre ses activités illicites», pronostiquait un syndicaliste de la Préfecture de police.
À Paris, dans le IXe arrondissement, près de grands magasins, de tous jeunes Roms se livrent en permanence et au vu de tous au chapardage. On les voit se partager le contenu de portefeuilles volés, harceler en plein jour des adultes au distributeur pour tenter de leur chiper des billets. Une noria de gamins qui s'interpellent d'un bout à l'autre du trottoir, sous l'œil d'adultes qui les commandent en essayant de se faire discrets. À l'approche des fêtes, les pouvoirs publics vont avoir du fil à retordre.
Source lefigaro.fr