La classe médiatique est en émoi. Tout juste si la rédaction du Monde, du Nouvel Obs, de Libé et d’ailleurs ne défile pas chez l’ophtalmo pour se rincer les yeux à l’eau de bleuet tant la vision les a saisis d’horreur. Pensez : Gilbert Collard, ceint de son écharpe de député, défilant dimanche bras dessus, bras dessous avec des élus UMP en tête de la Manif pour tous. Pire encore, il a embrassé la Barjot de service, Frigide la mal nommée, ce qui prouve bien la collusion des homophobes et de la bête immonde.
Bruno Roger-Petit en fait une crise de delirium sur le site du Nouvel Obs : « Le baiser, l’étreinte, l’accolade entre Frigide Barjot, leader de la Manif pour tous, et Gilbert Collard, ne relève pas que de l’anecdote nécessaire à l’emballement des commentaires sur les réseaux sociaux un dimanche de printemps. C’est bien pire que cela. C’est un symbole de l’époque, qui montre et démontre que le vaste mouvement d’homophobie soulevé depuis six mois, transformé en mouvement hostile à la gauche et probablement à la République héritière des valeurs de 1789, ce mouvement enclenché par Frigide Barjot achève sous nos yeux d’abolir la frontière étanche que le gaullisme de l’après-guerre, jusqu’à Jacques Chirac, avait érigée entre les extrêmes droites françaises et la droite dite classique. »
Il n’y a bien que lui pour croire que Chirac était de droite, mais passons. C’est à peu près aussi crédible que d’imaginer Collard conduisant les Panzer entre des rangs de laitues.
Ça fuse de tous les côtés. Femme sans doute ultra-sensible, Dominique Bertinotti, ministre déléguée à la Famille, s’avoue « inquiète de voir une partie de la droite se radicaliser et banaliser la fréquentation avec le Front national ». On en frissonne. D’ailleurs, Jean-François Copé est allé à confesse sur RTL, avouant avoir commis un péché de « voisinage malheureux » : « Je récuse tout ce qui peut apparaître comme une collusion avec l’extrême droite. »C’est pourquoi, en pétochard qu’il est, il avait déjà refusé de saluer l’autre élue du Front national, Marion Maréchal-Le Pen, lorsque, benjamine de l’Assemblée, elle se tenait auprès de l’urne lors de l’élection du président. Comme si la goujaterie était une vertu politique.
Qu’on partage ou non les idées du Front national, force est de constater que ce parti respecte scrupuleusement les règles du jeu démocratique. Au souvenir des magouilles de l’automne autour de l’élection du président de l’UMP, il apparaît que tous ne peuvent pas en dire autant. Une UMP qui s’apprête d’ailleurs à faire réélire l’empereur Gaston Flosse en Polynésie française…
Nous avons une classe politique et médiatique minable, qui fait de minables calculs. Et en plus, qui les fait de travers. Qu’ils continuent de cracher sur les deux malheureux élus d’un parti qui pèse 20 % dans les urnes (quand d’autres qui pèsent 3 % ont un groupe parlementaire !) et demain, c’est Marine Le Pen qui sera au pouvoir. À se demander si ce n’est pas ce qu’ils cherchent : après tout, ils avaient bien tous élu Pétain pour les sortir de la m… avant d’en faire leur bouc émissaire.
Source