Un homme de 26 ans reconnu coupable de violences sur des fonctionnaires de police en marge de la manifestation parisienne de mardi 23 avril contre le "mariage pour tous" a été condamné dans la nuit de jeudi à vendredi en correctionnelle à quatre mois de prison avec sursis, dans le cadre du premier procès des incidents liés à la mobilisation contre cette réforme. Sa peine est assortie d'une obligation d'effectuer 70 heures de travaux d'intérêt général (TIG).
Alors que l'ordre de dispersion avait été donné aux milliers d'opposants rassemblés aux Invalides, plusieurs centaines de personnes étaient restées sur place, déversant "une pluie de projectiles" sur les CRS protégeant la rue de l'Université menant à l'Assemblée nationale, selon un des policiers venus témoigner à l'audience. Un commissaire a été blessé à la tête par un pavé.
"Le groupuscule dont faisait partie le prévenu a chargé notre barrage anti-émeute à plusieurs reprises", a affirmé un CRS. "J'étais en première ligne et je suis formel : je l'ai vu jeter un projectile". "Il était de ceux qui haranguait les autres en chantant des chants de l'ultra-droite", a ajouté son collègue à l'audience.
"JE REGRETTE"
Présenté en comparution immédiate à l'issue de sa garde à vue, le prévenu, cheveux ras, fines lunettes et tout de noir vêtu, a reconnu avoir jeté une canette de bière vide en direction des policiers. Selon lui, elle n'a touché personne, mais un des CRS affirme qu'elle a rebondi sur son casque. Une vidéo et des photos ont établi que l'accusé était en première ligne.
"Je tiens à m'excuser, franchement, auprès de ces deux messieurs. Je regrette", a dit le jeune homme originaire de l'Essonne, titulaire d'un BEP de comptabilité et employé comme préparateur de commandes. Son intention en allant à la manifestation était "pacifique", affirme-t-il. "L'idée était de faire passer mes idées. Mais la violence n'apporte rien." Son avocate, Me Anne Bauthéac, a exhorté le tribunal à éviter les "amalgames" en ne faisant pas de son procès celui de tous les débordements. Rappelant que le casier de son client était vierge, elle a jugé disproportionnés les trois mois de prison (dont un avec sursis) requis par le parquet.
Le jeune homme devra verser 400 euros à chacun des deux CRS, en réparation du préjudice moral. "On est là pour assurer la sécurité des personnes et des biens, pas pour servir d'exutoire à certaines personnes", a pesté un des CRS. Ironie de l'histoire, le jeune homme a été arrêté mercredi à 1 heure 30 du matin, après la fin des incidents, par ces deux mêmes CRS à qui il demandait son chemin, près de l'Assemblée. Huit autres personnes interpellées en marge de cette manifestation ont été déférées jeudi soir au parquet de Paris.
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