Quelques heures après l’adoption du texte sur le mariage entre couples de même sexe, ces mêmes couples ont soudain réalisé qu’ils allaient eux aussi devoir supporter, et ce pour de nombreuses années, des belles-mères. Reportage.
Julien et François sont en couple depuis deux ans. Ils ont milité tous les deux en faveur du texte pour le mariage pour tous. Mais ce soir, à peine quelques minutes après l’adoption du texte, c’est la gueule de bois et la peur qui s’est installée pour ce jeune couple. «Soudainement j’ai réalisé que j’allais moi aussi avoir une belle-mère.» raconte Julien, terrorisé. «Jusqu’ici, je n’y pensais pas, je me moquais de mes potes hétéros à leur mariage. Je plaisantais car parfois je connaissais les belles-mères des uns et des autres et c’était pas facile pour eux. Je voyais mes potes me dire “Si tu voyais ma belle-mère !” ou “Purée j’en peux plus de ma belle-mère !”. Et aujourd’hui, ça nous arrive, à nous, non.» a expliqué le jeune homme lors d’une conférence de presse improvisée.
Même avis pour François qui s’inquiète. «On ne savait pas que les belles-mères étaient incluses dans le texte, on se sent un peu floués. Le gouvernement est passé en force, il n’y a pas eu de débat sur les belles-mères alors que ce texte y menait, même s’il n’en faisait pas mention. Le gouvernement le savait, c’est scandaleux !» affirme le jeune homme. Constat amer et similaire chez Caroline et Amina, un couple de Lyon. Pour elles aussi, c’est la stupéfaction. «On savait pas, on a l’impression qu’on nous a baladé tout le long de ce texte. J’ai croisé une seule fois ma belle-mère, et je peux vous dire, elle est pas commode» estime Amina.
Avis néanmoins non partagé par Caroline qui estime pour sa part que «Amina va un peu trop loin et abuse grave en parlant de sa maman devant un journaliste que le couple ne connaît même pas». Et Caroline de rappeler à toutes fins utiles que sa propre future belle-mère n’est pas facile non plus. Des propos qui ont provoqué un vif échange entres les deux jeunes filles, les obligeant à mettre fin prématurément à la conférence de presse organisée pour l’occasion.
Mais l’inquiétude concernant les belles-mères s’étend aussi aux futurs enfants de ces couples homosexuels. Une inquiétude que les opposants aux mariage pour tous n’ont pas mis longtemps à s’emparer pour mieux l’instrumentaliser. «Quand ces enfants vont grandir ils vont rencontrer et peut-être épouser des enfants de couples de même sexe. Imaginez un instant ces enfants qui devront vivre avec la peur d’avoir deux belles-mères à charge. Ce soir je pense à eux. Nous savons tous ce que c’est : une belle-mère c’est suffisant. Alors n’ajoutons pas de la souffrance à de la souffrance» a réaffirmé Hervé Mariton lors d’un point de presse.
Le gorafi