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Une kalachnikov, ça s’achète 500 €

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Le drame d’Istres qui a coûté la vie à trois personnes, mitraillées par un déséquilibré armé d’une kalachnikov, vient rappeler qu’il existe désormais un énorme marché noir des fusils d’assaut. 

En quelques années, le nombre d’armes de guerre en circulation dans les banlieues a explosé. La kalachnikov est devenue l’apanage du grand et petit banditisme. D’où viennent ces armes ? Comment se les procurer ? À quel prix ? Fabrice Rizzoli, spécialiste des mafias, auteur du Petit dictionnaire énervé de la mafia, connaît bien le problème pour être allé lui-même enquêter à la source, en ex-Yougoslavie. « Les armes de guerre disponibles en France proviennent quasiment toutes de la filière balkanique », explique-t-il. « La réserve est pour ainsi dire illimitée, d’autant que des stocks en provenance d’autres pays, comme l’Irak, arrivent dans les Balkans. En 25 heures de bus, par Eurolines, il est très simple de passer une kalachnikov de Serbie en France »

Munitions comprises 
Il suffit de placer l’arme en soute à Sarajevo, Belgrade ou ailleurs et de la récupérer à Paris. À la frontière italienne, les contrôles sont rapides, sans moyen de détection de l’armement. Les douaniers ne peuvent pas ouvrir tous les sacs placés dans le compartiment à bagages des autocars. Cela prendrait trop de temps.  

Quant au prix, il dépend de la qualité de l’arme et de la quantité achetée. Un fusil d’assaut d’occasion, qui a déjà traîné sur les champs de bataille comme celui qui a servi au tireur d’Istres, vaudra moins cher qu’une arme flambant neuve. Il faut compter entre 300 et 1 500 euros, munitions comprises. À la revente, dans les banlieues de Paris, Marseille ou Grenoble, le marché noir est florissant. À 500 euros, on peut trouver une kalachnikov en état de marche mais aussi des grenades, voire des lance-roquettes ! 

Selon Fabrice Rizzoli, « le vrai problème, c’est le trafic de drogue ». Car, affirme-t-il, les armes de guerre servent à défendre les positions territoriales dans les cités et à sécuriser les transferts et achats de stupéfiants. « Les armes de guerre protègent la logistique du trafic », résume l’expert. En plus, il y a un fort pouvoir symbolique à utiliser une telle arme. Aujourd’hui, des gamins de 20 ans, enrichis par le trafic de drogue, se promènent avec des kalachnikovs quand, hier, ils se contentaient de battes de base-ball !

Un investissement minime
Les armes sont achetées en gros par les caïds, utilisées, revendues à l’unité. Combien y en a-t-il en circulation en France ? Il n’existe pas de chiffres officiels mais les estimations, de source policière, tournent autour de 15 000 armes de guerre. 

La grande majorité de ces kalachnikovs, la marque de prédilection des voyous, se trouve entre les mains des réseaux de vente de drogue. Il s’agit d’encadrer les convois de plusieurs tonnes de haschich qui remontent d’Espagne après avoir passé le détroit de Gibraltar, en provenance du Rif, au Maroc. Il s’agit de protéger les stocks, voire les cultures d’herbe installées carrément en France, à échelle industrielle. Une kalachnikov à 500 ou 1 000 euros, pour des crapules qui manipulent des milliers d’euros chaque jour, c’est un investissement minime. Et, chaque semaine, de nouvelles armes passent nos frontières en fraude.

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