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Le mur se fissure… Allez, encore un petit effort

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Du mur des cons à la manif pour tous, ces dernières semaines ont été placées sous le signe de la prise de conscience. Prise de conscience, pour une population d’honnêtes gens habituellement peu militante et même peu politisée, de l’existence en France d’une tyrannie de la pensée. Une tyrannie feutrée qui, de la justice, aux médias, en passant par l’enseignement, a tissé une toile au maillage si serré qu’il est devenu, pour quiconque se trouve pris dans ses filets, très compliqué de s’en dépêtrer. 

Ces honnêtes gens en ignoraient-ils complètement l’existence ? Non, pas tous. Mais ils préféraient s’en accommoder. La vérité est que s’est signé tacitement il y a plusieurs dizaines d’années entre la droite et la gauche une sorte de Yalta idéologique : La droite se gardait «les choses sérieuses » l’économie, les affaires, le secteur privé, enjoignait ses enfants à faire des écoles de commerce. Et par un curieux détournement de la notion de « devoir d’état », une population française de tradition catholique adoptait un état d’esprit très « wasp », de petite fourmi industrieuse soucieuse de réussir dans la vie. La droite abandonnait de ce fait à la gauche le registre culturel, l’enseignement, les médias, la magistrature et la fonction publique (sauf l’Armée, dont le vivier de recrutement reste traditionnellement à droite, mais qui muette par essence, loin d’être un vecteur de la pensée de droite, agit au contraire comme stérilisateur idéologique). 

Et pour continuer à réussir dans la vie, il a fallu sacrifier un peu plus chaque jour à une pensée de gauche de plus en plus dominante et impérieuse. Dans l’enseignement par exemple. Combien de parents recommandent à leurs adolescents,- et on ne peut pas le leur reprocher-, de se faire inconditionnellement, en Histoire, en français ou en SVT, les apôtres d’une idéologie de gauche unanimement professée par le corps enseignant, de sacrifier non seulement leurs propres convictions mais surtout la plus élémentaire objectivité sur l’autel de leurs examens. Et d’expliquer à leur progéniture que cette schizophrénie intellectuelle est une fatalité, qu’il leur faut s’approprier cette doxologie comme une langue étrangère, s’ils veulent passer les échelons de sélection. 

Mais si cette population avait réussi peu ou prou à tout avaler, le « mariage pour tous », couplé à la généralisation du matraquage « gender » dans les écoles a été la bouchée de trop qui leur a donné un haut le cœur. Et envie de tout vomir. Pour la première fois, ils sont allés à l’affrontement direct. Et se sont heurtés au mur, que tout occupés à leurs affaires, ils n’avaient pas vu, ou pas voulu voir, se monter. 

Et là, après la prise de conscience, intervient le deuxième fait marquant de ces dernières semaines : L’acceptation du risque. Risque d’être vu et reconnu dans une manif (et convoqué par son patron : « Ben alors M’sieur Machin, je vous ai vu hier à la télé ! »), risque d’être « fiché » (légendaire vieille peur du « fichage » … Lors de la pétition à destination pour le CESE, on a vu des ménages retraités octogénaires, qui a priori n’avaient pas leur carrière devant eux, refuser de signer pour ne pas être « fichés »), risque d’être embarqué, gardé à vue, voire même condamné. Ces risques-là, avec toutes les implications personnelles et professionnelles qu’ils comportent, ont été sciemment encourus par tous ces jeunes, ces pères, ces mères de famille ( veilleurs, homens, camping pour tous…etc). 

Cette population d’honnêtes gens a donc passé le cap de la prise de conscience, et celui de l’acceptation du risque. Mais restent encore pour elle quelques échelons à gravir avant de recouvrer sa complète liberté d’expression. 

Le premier serait de s’assumer, sans faux-semblants. Sans en faire des tonnes pour donner des gages. N’est-il pas un peu surprenant que les anti-mariages gay, préalablement à chaque manif, reçoivent des consignes vestimentaires, comme si leur « look » naturel avait quelque chose de ridicule et de discréditant pour la cause ?N’est-il pas un peu déroutant de voir désormais flotter un drapeau arc-en-ciel LGBT en tête de La manif pour tous ? Des ruses pour prendre à revers les présupposés disent certains. Un énième sacrifice à la tyrannie du camp d’en face pourraient dire d’autres. Et je ne parle pas du communiste Gramsci ou du poète « engagé » Aragon dont on lit des morceaux choisis aux veilleurs des Invalides (veilleurs dont j’apprécie par ailleurs l’action et le courage). Je doute fort que dans les manifestations d’Act up, on lise du Claudel ou du Péguy

Le deuxième serait de ne pas fuir comme un pestiféré, par peur de la contagion, ceux qui partagent le même combat mais que l’on estime plus marqué, plus montré du doigt, plus détesté que soi. Mettre la tête des autres sous l’eau pour tenter soi-même de surnager n’a jamais été une bonne solution.

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