Face à une triple crise - économique, sociale, morale - l'ex-ministre UMP propose un gouvernement d'union nationale. Objectif: mener dix réformes majeures en dix-huit mois. Interview.
La droite s'est divisée sur la question de la publication du patrimoine des élus. Serait-elle aujourd'hui en mesure de gouverner le pays ?
La droite est diverse sur cette question-là comme sur d'autres, mais elle reste d'accord sur l'essentiel. La différence entre la droite et la gauche, c'est qu'à gauche il y a une profonde division sur la stratégie économique et sociale à poursuivre. Les ministres ne sont pas d'accord entre eux ! A droite, ce n'est pas le cas.
Jean-François Copé réclame un remaniement. Est-ce la réponse adaptée ?
Nous nous trouvons dans une situation inédite de crise économique et de crise sociale. Est en train de s'ajouter une crise morale et politique. Les trois ensemble sont les ferments d'un risque de déstabilisation majeure des institutions françaises, qui peut se traduire par des débordements. Face à cette triple crise, un remaniement ne me paraît pas suffisant. A partir du moment où François Hollande n'a pas le courage politique de retourner devant les urnes et de trancher les différends au sein même de sa majorité, il me semble que la seule réponse appropriée est un gouvernement d'union nationale.
UMP et PS main dans la main ?
Je préconise en effet un accord entre le PS et l'UMP pour dix-huit mois afin de mener dix réformes majeures, structurantes, permettant de mettre le pays sur de bons rails. On oubliera les réformes parallèles, notamment les réformes sociétales et électorales, trop clivantes. Pour cela, il faut un président de gauche, un Premier ministre de droite et un gouvernement resserré avec dix ministres de droite, dix ministres de gauche qui soient des professionnels de la politique en même temps que de très bons techniciens.
Quelles seraient ces réformes incontournables ?
Je pense en premier lieu à la carte administrative française, pour supprimer un échelon, une réforme de l'école digne de ce nom, une autre de la formation professionnelle, une réforme plus complète du droit du travail, une réforme du financement de la Sécurité sociale au sens large, comprenant retraites, maladie et assurance-chômage, et une réforme fiscale. Ce qui nous a souvent empêchés de procéder à des réformes lourdes, ce sont les manichéismes à la française. Dans cette période de crise avec 0% de croissance, il faut les mettre de côté au nom de l'union nationale.
Quel Premier ministre de droite au côté de François Hollande ?
Je ne veux pas poser la question des personnes. Ce qui m'intéresse, c'est qu'on arrive à trouver un accord politique pour dix réformes essentielles dans un temps limité.
François Fillon, Jean-François Copé ou Alain Juppé dont vous êtes proche ?
Ça ne peut être qu'un des trois, car il faut quelqu'un qui ait l'autorité suffisante pour rassembler le groupe UMP.
François Bayrou a souvent appelé à un gouvernement d'union nationale.
C'est vrai, mais François Bayrou n'est pas à même de rassembler 95% des députés PS et 95% des députés UMP. Il n'a donc pas la légitimité nécessaire. J'ai aussi entendu François Fillon puis Jean-Marc Ayrault souhaiter une union nationale sur tel ou tel sujet. Il est temps de s'y atteler. A période atypique, réponse atypique.
Vous excluez le Front national et le Front de gauche. N'est-ce pas dangereux ?
Je les exclus parce qu'il n'y aura aucun accord possible avec eux. Il est évident qu'on prendrait le risque politique d'être accusés de collusion par les extrêmes. Je l'assume en considérant qu'aujourd'hui la question n'est plus ni électorale ni politicienne, mais qu'il y a urgence à agir pour sortir notre pays des trois crises qui le fissurent dangereusement.
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