...un tifo te sert de bandeau sur ta page Facebook et de fond d’écran sur ton ordinateur.
...The Voice, pour toi, c’est tous les week-ends dans tes oreilles.
...ton instrument préféré, c’est le tambour.
...tu parles une langue morte : J9, deux-mats, tifo feuilles, bâche, local, permanences, banderoles, voiles, bandes, CR, cortège, IDS, capo, cartage, dép, MF, CU, BSN, SIR... Personne ne te comprend.
...ou les gens te comprennent de travers : PD, enculé, c’est du folklore, ce n’est pas de l’homophobie. ...tu penses que seuls les déplacements font le vrai supporter.
...se casser la voix, ce n’est pas réservé à Patrick Bruel.
...tu as chopé un tennis elbow à force d’agiter ton drapeau.
...tu as squatté pendant trois mois un hangar désaffecté pour préparer un tifo de trois minutes.
...tu évolues dans un milieu où la question de la parité se pose autant qu’en Arabie Saoudite.
...tu sais que le Parc, c’était mieux avant. Et le Vélodrome aussi.
...en revanche, le Juventus Stadium, c’est mieux qu’avant.
...tu as un avis définitif sur les bons horaires de matches.
...tu fais grève sans être syndiqué. Mais toujours avec préavis.
...la Coupe de la Ligue et toi, c’est une histoire passionnelle. Beaucoup de haine et parfois un peu d’amour, quand ton club arrive en finale. Et encore.
...tu es persuadé que le mouvement ultra français sera mort d’ici l’Euro 2016. Mais ça ne t’empêche pas d’en parler pendant des heures.
...d’ailleurs, tu peux aussi débattre longtemps de la bonne manière d’orthographier ultra (ultras, ultrà, ultra’, ultra, Ultra…) et de l’unité du mouvement avant de te demander « mais au fait, c’est quoi, vraiment, être ultra ? »
...tu es contre le foot business, mais tu exiges que ton club fasse preuve d’ambition.
...tu es pour le football populaire, mais tu ne sais pas vraiment expliquer ce que c’est.
...tu as appris le patois local pour prouver ton attachement à ta terre. Du coup, tu as découvert plein de choses étonnantes sur l’histoire et la géographie de ta ville.
...tu ne sais pas ce que c’est que s’asseoir à la place inscrite sur ton ticket.
...mais tu sais sauter sur la tienne.
...et un inconnu n’a pas intérêt à se mettre à « ta » place dans le virage.
...tu as déjà commencé une banderole par « Fiers d’être… ».
...tu en as déjà finie une par « Liberté pour les Ultras ».
...tu sais reconnaître les détails des couleurs historiques et du logo de ton club.
...tu t’attaches beaucoup à la date de création des choses. Enfin de certaines. Tu connais la date de naissance de ton club et de ton groupe. Mais tu oublies celle de ta copine.
...tu sais apprécier les effluves des cigarettes magiques dans le bus, c’est toujours plus agréable que ton voisin qui pisse dans une bouteille.
...en plein été, vêtu de ton plus beau short, tu t’es fait palper les mollets par un CRS à l’entrée du stade. Deux fois.
...du coup, tu t’es demandé comment cacher un fumi dans un mollet. Ça, tu n’as pas trouvé. Mais t’as trouvé d’autres ruses. ...tu gueules aux joueurs de ton équipe qu’il est temps de mouiller le maillot.
...tu remercies ton équipe pour sa victoire et la joie qu’elle t’a procurée.
...tu t’es pris un plomb de pêche ou une pile sur le coin de la gueule dans le parcage du Vélodrome.
...tu t’es chié dessus à Bastia et face à un cortège du Kop de Boulogne.
...tu as un surnom improbable, Ultravlo, Chouchou ou MacMega.
...tu as insulté au moins une fois le président de ton club. Et au moins mille fois la LFP et Frédéric Thiriez. Pour le ministère de l’Intérieur, c’est plus compliqué, ça change tout le temps.
...tu as acclamé au moins une fois le président de ton club. Bizarrement, tu n’as jamais acclamé ni Frédéric Thiriez, ni le ministre de l’Intérieur.
...un soir, au local, tu as regardé tes potes et tu leur as demandé : « Au fond, le plus important, c’est quoi ? Le club ou le groupe ? ».
...tu reproches aux médias de ne parler que des mauvais côtés du mouvement, mais tu collectionnes leurs articles.
...tu fais tous les ans des collectes pour des associations caritatives.
...tu préfères avoir la mentalité que regarder le Mentalist.
...tu sais ce que bizutage veut dire. Certains ne reviennent jamais après leur première expérience en déplacement. Tu ne comprends vraiment pas pourquoi.
...tu as sillonné la France entière. Tu connais tout. Les meilleurs bars, les meilleures stations, les meilleurs fast-foods.
...l’odeur des torches te fait plus saliver que celle des merguez, les explosions de pétards ne te font même pas sursauter.
...tu t’es déjà fracassé la cheville en fêtant un but de ton équipe. ...tu ne sais pas ce qui est le plus jouissif : un succès à la dernière minute dans le derby, un tifo géant réussi, un parcage de folie qui fait taire les locaux ou une charge victorieuse.
...tu sais ce qui fait le plus mal. Tu préfères que ton club perde pendant dix ans contre son ennemi héréditaire plutôt que te faire taper ta bâche ou te faire courser par ces bâtards d’ultras ennemis.
...la véritable révolution technologique pour toi, c’est Internet. Plus besoin d’attendre les fainéants de la « cellule photo » ou les courriers de tes corres’.
...tu as failli foutre une tarte à un footix qui te demandait de « baisser ton drapeau ».
...à la télé, un seul mouvement de caméra derrière les buts te permet de regarder furtivement ce qui se passe en tribune.
...au stade, tu regardes plus les tribunes que le terrain. Parfois, tu manques des buts. Souvent ?
...avant, tu connaissais tous les joueurs de ton club sur le bout des doigts, y compris ceux du centre de formation. Maintenant, tu te surprends à dire en plein match : « Merde, c’est qui le 21 ? »
...mais tu sais que seuls les vrais amateurs de foot restent longtemps dans le groupe. Pour les autres, c’est comme l’amour, ça ne dure pas plus de trois ans.
...tu as cinq paires d’Adidas Samba. ...tu as une écharpe de la Fossa Dei Leoni sur le mur de ta chambre.
...sur le forum privé de ton groupe, y a une galerie photo avec les tronches de tes ennemis.
...tu as expérimenté le toucher rectal à l’entrée d’un stade.
...tu as aussi entendu un flic te dire, à l’entrée du parcage visiteur : « Vous ne rentrez pas avec votre méga ! » Pourquoi ? « Parce que ! ».
...à 30 ans, tu es dans la Vieille Garde, à 35 ans, tu es à la retraite.
...tu as connu IRC. Les plus anciens ont même connu la Poste et les corres’.
...tu as volé un sandwich Sodebo dans une station-service.
...pour toi, une Grec n’est ni une victime de la crise, ni une proie potentielle, ni un kebab.
...tu ne portes jamais le maillot de ton club au stade.
...tu as déjà couru, tu as déjà fait courir. Peut-être même que tu as déjà pris une pêche. Et peut-être même que tu en as déjà donné une. Deux ?
...mais quand tu te bats, c’est jamais toi qui as commencé.
...un CRS, c’est juste un gars qui te prend pour un hooligan, alors que tu le considères comme un stadier.
...tu as dû expliquer à un flic ce que signifiait ACAB. Selon ton sens de la répartie et ton état de fraîcheur, tu as répondu « Athlétic Club Andrézieux Bouthéon » ou « Au Chaud, Au Bistrot ».
...tu as beau faire des doigts aux flics, tu es parfois bien content de la voir arriver cette putain d’escorte. ...au boulot, tu reluques en douce des photos et des vidéos de tribunes. Et parfois de fights.
...tu prétends avoir découvert Jacquie et Michel grâce aux Bad Gones et Youporn grâce aux Celtic Ultras de Brest. A d’autres.
...tu as appris les règles de base du droit. Ton groupe a un bon avocat.
...tu te dis antiraciste quand tu es de gauche, tu te dis apolitique quand tu es de droite, tu te dis patriote quand tu es nationaliste.
...tu sais ce qu’est le chlorate. Ton ancien jean aussi.
...tu as creusé tes Reebok Classic pour y cacher un fumigène.
...quand tu vois du PQ, tu penses à autre chose qu’à t’essuyer les fesses.
...la bière, la bière, mais qu’est-ce qu’elle a fait de toi, la bière ?
...tu délimites ton territoire en collant des stickers.
...tu as appris à coudre et à peindre.
...tu as sifflé Christophe Dugarry.
...tu t’es endormi au stade. Ou dans le bus.
...tu portes toujours une ceinture.
...tu as un bonnet, une écharpe en laine et des gants en été, tu es torse nu, avec une écharpe en satin et des lunettes de soleil en hiver.
...tu passes des heures sur le forum de Mouvement Ultra. Mais juste pour te renseigner. Y a que des mythos qui y postent. Toi, éventuellement, tu poses une question précise, avec réponse en MP si ça dérange. Et tu n’écris que sur Culture Ultra, avec les élus. Et encore, la qualité s’est dégradée.
...tu sais reconnaître les différents goûts des gaz lacrymogènes.
...tu as eu un problème de piles avec ton méga lors du déplacement de l’année et ta sono est tombée en panne le jour du derby.
...tu as oublié la bâche dans la soute du bus.
...tu reproches aux journalistes de ne jamais donner la parole aux ultras, mais tu refuses souvent de répondre à ces vendus. ...le Broussard que tu connais, il n’est pas commissaire.
...tu as demandé à un inconnu au téléphone : « Vous êtes combien ? ».
...tu as entendu un chauffeur de bus prétendre : « Je vous préviens, on ne fume pas dans mon car ». La première fois, ça t’a surpris. La deuxième, ça t’a fait rigoler.
...tu collectionnes les fanzines, les vieux Sup’Mag et les Culture Tribunes.
...tu gardes au chaud une vieille écharpe collector de ton groupe. Un jour, elle vaudra cher.
...tu t’es mis à califourchon sur le petit muret du parcage du Roudourou.
...tu as regretté de ne pas y avoir pensé avant les gars de Boulogne, à la référence au film sur les Ch’tis. Et tous ces cons qui n’ont pas compris l’humour.
...tu connais au moins un pote qui s’est brûlé avec une torche. Parfois, ce pote, c’est toi.
...tu parles de grand chelem, sans parler ni de rugby, ni de tennis.
...tu fais du stop. A l’aller. Au retour, tu dors dans le coffre du J9.
...par moments, tu as des éclairs de lucidité et tu te demandes ce que tes parents, tes potes, ta copine, tes collègues de fac ou de boulot penseraient de toi s’ils te voyaient, là maintenant. En même temps, ils ne te voient pas.
...tu as passé plusieurs heures lors des repas de famille à expliquer qu’allumer un fumigène, c’est festif, ce n’est pas grave.
...par contre, les heures passées à expliquer la différence entre ultras et hooligans, tu ne peux même plus les compter.
...tu as déjà chanté du Patrick Sébastien, du Charles Aznavour ou du Michel Sardou. Mais tu sais que le mieux, c’est Annie Cordy.
...autour de toi, tout le monde sait que tu aimes le foot et personne ne comprend pourquoi tu ne regardes pas les matches de l’équipe de France.
...tu as essayé d’apprendre à ton entourage comment reconnaître un « mec de stade » dans la rue.
...alors que tu es en vacances avec ta copine ou tes potes, tu dis subitement : « Putain, y a un mec de stade ».
...tu connais les noms de tous les stades de France et la moitié des noms des stades d’Europe, même ceux de Slovaquie. Pour les noms des groupes ultras, là, c’est plus facile, tu les connais tous, même ceux d’Israël.
...pour toi, les Fedayn, ce sont des supporters de foot.
...tu t’es lié d’amitié avec des ultras étrangers avec lesquels tu communiques péniblement dans un anglais rudimentaire.
...tu as un a priori favorable sur une ville dans laquelle tu n’es jamais allé simplement parce que la scène ultra locale y est réputée. ...pour toi, Vérone n’est pas la cité de Roméo et Juliette, mais tu proposes à ta copine d’y passer un week-end en pleine saison de foot : « Tu verras, c’est très romantique ».
...pendant que tu visites une ville, tu regardes plus les lampadaires que les monuments. Quand ta copine te dit « C’est quand même classe Berlin », tu lui réponds « Oh, encore un autocollant des gars de Dresde ».
...tu as pris la première fois l’avion pour un match de Coupe Intertoto. Puis les compagnies low-cost ont changé ta vie.
...tu sais que le bonheur, c’est la Coupe de France ou les divisions inférieures, les places à 1€ ou 50 cents en tarif étudiant. Sauf quand c’est à côté d’un quartier sensible.
...tu aimes raconter que c’est ton père qui t’a emmené au stade quand t’étais enfant et que t’as tout de suite été attiré par le virage. ...tu ne RT et ne like que les articles sur les supporters.
...tu fais des ventes privées sur Internet pour choper des fringues Ben Sherman, Fred Perry, Lyle and Scott ou Stone Island.
...tu fais la différence entre une aire de repos et une station-service.
...tu t’es déjà tapé une mission de nuit dans une gare de campagne pour faire le plein de torches SNCF.
...tu fêtes l’anniversaire de ton groupe tous les cinq ans.
...à l’anniversaire de tes potes, tu n’allumes pas des bougies mais des torches.
...A Monaco, t’as essayé d’éviter l’escorte policière pour aller à la plage.
...tu as voyagé avec un bus aux vitres cassées.
...tu as dit à ton cousin « Désolé, je peux absolument pas venir à ton mariage ». Forcément, un déplacement à Châteauroux en 32e de finale de la Coupe de France, c’est quand même autre chose.
...tu sais que les gendarmes mobiles, c’est moins pire que les CRS.
...tu ne sais pas si tu détestes plus les ultras des autres groupes ou les footix de ta tribune.
...tu aimes passer des soirées entre mecs. Ce n’est pas pour ça que tu es macho. Enfin, le reste du temps. Parce que dans le virage, quand même, les filles, faut qu’elles restent à leur place. Déjà, t’es sympa, tu leur laisses tenir la table de vente et s’occuper du déplacement. Elles ne vont pas prendre le méga non plus.
...tu sais que les filles, elles viennent dans le virage seulement pour voir des footballeurs en short ou pour choper un mec. Mais, bon, si tu pouvais en choper une parfois, ça t’arrangerait.
...si tu es une fille, tu es passionnée, tu aimes être minoritaire et tu as du courage. A moins que tu ne sois juste très maso.
...au tournoi de foot de ton groupe, il y a deux coupes. Une pour les vainqueurs sur le terrain. Une pour ceux qui gagnent à la buvette. Curieusement, peu d’équipes font le doublé.
...tu soutiens tous les interdits de stade. Enfin presque. Ceux qui ont été déclarés tricards du virage par les meneurs de ton groupe, ils l’ont quand même bien cherché.
...vous êtes convaincus, toi et tes potes, d’être l’élite des supporters.
...tu sais que seuls les présents savent.
...et les autres, qu’ils aillent tous se faire enculer.
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