Une morphologie imposante, peu de poitrine, la voix rauque et des performances qui laissent rêveur… En remportant le 800 mètres avec 3 secondes d’avance sur ses concurrentes aux championnats du monde d’athlétisme de Berlin en 2009, l’athlète sud-africaine Caster Semenya avait involontairement déclenché les rumeurs les plus folles. A l’instar des autres athlètes féminines à l’allure si masculine, certains la soupçonnaient d’être en fait un homme. Humiliant, dites-vous ? Une étude commandée par le Comité international olympique (CIO), vient aujourd'hui éclaircir ce mystère, rapporte La Dépêche du Midi. D’après cette enquête menée par des experts des CHU de Montpellier et de Nice, ces athlètes seraient en fait touchées par une anomalie génétique particulièrement rare chez les femmes et dans la population en général : elles ont dans leur patrimoine génétique le chromosome masculin Y.
Elles se sont masculinisées à la puberté
Ces résultats surprenants, prochainement publiés dansle Journal of clinical endocrinology, revue scientifique de référence, ont été obtenus suite à l’examen du dossier médical de quatre sportives de haut niveau,finalistes d'épreuves lors des derniers Jeux Olympiques de Londres l'été dernier. Ces femmes – dont l’identité ne sera pas dévoilée - présentaient des taux de testostérone largement au-dessus des normes féminines et proches des niveaux masculins. Les tests ADN effectués ont permis de mettre en lumière qu’il s’agissait là de la conséquence d’une anomalie génétique et non d’un quelconque dopage.Nées filles, les athlètes suivies se sont « masculinisées »à la puberté sous l’effet d’un « désordre de la différentiation sexuelle ».
Voilà de quoi redonner aux athlètes concernées un peu de dignité. Problème : ces athlètes hors normes ne bénéficient pas moins d’un avantage évident sur leurs concurrentes. Comment intégrer ce paramètre lors des prochaines compétitions sportives ? Une question qui risque d’agiter le monde de l’athlétisme pendant encore longtemps.
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