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François Hollande affronte un mois de manifestations

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De tous les rassemblements prévus en mai, ce sont ceux des anti-mariage pour tous, le 5 et le 26 mai, que redoute surtout l'exécutif. 

Le mois de mai sera-t-il celui de toutes les contestations ? De nombreuses manifestations sont au programme des ­réjouissances. Certaines sont traditionnelles. D'autres non. Le 1er mai, les syndicats se retrouveront dans la rue et le FN fêtera Jeanne d'Arc à Paris. Le 5 mai, le Front de gauche appelle à manifester contre la politique d'«austérité» du gouvernement. Ce jour-là, les anti-mariage pour tous ont aussi prévu de se rassembler pour tenter de faire barrage à la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe votée le 23 avril et suspendue à la décision du Conseil constitutionnel attendue le 16 mai. Des «manifs pour tous» sont prévues à Paris, Lyon, Montpellier, Toulouse et Rennes. Et, le 26 mai, les «anti» se retrouveront encore, mais tous à Paris cette fois. 

Un proche conseiller du président admet bien volontiers que ces manifestations risquent de créer «un bruit de fond» de mécontentement au moment où François Hollande fête sa première année de présidence et enregistre des records d'impopularité dans les sondages. «Nous avons choisi la voie réformiste, c'est-à-dire la voie la plus difficile. La droite n'adhère pas et la gauche de la gauche n'adhère pas non plus», se défend la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Gene­viève Fioraso. «Les organisateurs de ces manifs veulent transformer l'anniversaire électoral en anniversaire de l'opposition», résume un autre membre du gouvernement. 

Face à ces expressions de mécontentement, l'exécutif fait le dos rond, soucieux avant tout de renvoyer aux Français l'image d'une grande sérénité et celle d'un «capitaine» tenant son cap. «Le président est zen», assure d'ailleurs un conseiller élyséen. Ses ministres entendent l'être tout autant. «Que dire de ces manifestations? Qu'elles auront lieu. Rien de plus à ajouter», balaie dans un sourire le ministre du Travail, Michel Sapin. «La manifestation du 1er mai est assez classique. Elle n'est pas spécifique de la période. On est dans la tradition des organisations syndicales qui font entendre leur mot d'ordre», tempère aussi la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, ajoutant que «les manifestations sont l'expression des libertés constitutionnelles de notre pays».

Vis-à-vis des syndicats, l'exécutif joue sur du velours puisque les centrales sont désunies. Le projet de loi sur la sécurisation de l'emploi, qui sera définitivement adopté mi-mai au Parlement, a créé une ligne de fracture entre la CGT et la CFDT. «Le bloc des syndicats réformistes est en train de se consolider. En l'état actuel des choses, et vu le contexte économique et social, la situation n'est pas inquiétante. Ces défilés seront peu fournis», parie-t-on à l'Élysée. 

Mais que dire du rassemblement du 5 mai initié par Jean-Luc Mélenchon, celui-là même qui avait appelé à voter pour le candidat PS au second tour de la présidentielle de 2012 et qui pilonne consciencieusement la politique gouvernementale depuis le début du quinquennat ? Là encore, ministres et conseillers minimisent. «C'est totalement anecdotique. Le fait que la CGT n'aille pas à cette manifestation montre bien que personne n'est dupe. Tout cela ne nous empêche pas de dormir», confie un proche conseiller de François Hollande.«Il m'étonnerait que la manifestation autour de Mélenchon soit très importante et que celui-ci soit un opposant à l'action gouvernementale n'est pas vraiment une découverte», assure aussi Michel Sapin. François Hollande aurait-il dû, pour limiter la capacité de nuisance du coprésident du Front de gauche, lui faire une place ou le traiter différemment ? C'est ce que suggère, entre les lignes, un poids lourd du gouvernement: «Mitterrand disait de Mélenchon qu'il fallait qu'il ait toujours quelque chose à faire, sinon il faisait des bêtises…» Ce ministre ajoute: «Il y aura des socialistes dans la manifestation.» 

La crainte des débordements 
En réalité, de tous les rassemblements programmés en mai, ce sont ceux des anti-mariage gay que redoute le plus l'exécutif. Chacun a en tête les débordements des dernières semaines. Mais beaucoup veulent croire que l'accélération du calendrier, voulue par François Hollande, aura permis de commencer à éteindre le mouvement. «La loi a été votée. Elle sera promulguée», martèle un ministre. «Ce mouvement est tellement hétéroclite qu'il ne peut que s'essouffler», parie un autre. 

D'autres ministres sont moins optimistes, redoutant les débordements éventuels qu'il pourrait y avoir le 5 mai et surtout le 26 mai. «Il faut que cela reste calme et qu'il n'y ait pas de dérapage. Sinon, ce serait très ennuyeux», confie un ministre.«On est pour ou on est contre. Et à un moment, c'est fini», ajoute-t-il, visiblement soucieux sur le sujet.

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