Parce qu'il ne voulait pas prendre le même vol qu'un Malien en cours d'expulsion, le ministre chargé du Développement a annulé un déplacement à Bamako. Bisbille entre le Quai d'Orsay et Valls, qui n'avait pas tout dit du pédigree de l'expulsé...
L'affaire est racontée par le Canard, dans sa dernière livraison. Le 27 avril dernier, Pascal Canfin doit s'envoler pour Bamako, afin d'y signer avec les autorités maliennes plusieurs accords de coopération, portant notamment sur l'accès à l'eau potable pour des millions d'habitants.
Mais sur la passerelle de l'appareil, un vol régulier d'Air France, l'un de ses conseillers lui souffle à l'oreille qu'ils vont voyager en compagnie d'un ressortissant malien entouré de deux policiers : il s'agit d'une reconduite à la frontière. Pas question : "Une position de principe" du ministre du Développement, fait savoir ce matin l'un de ses conseillers, joint par France Info.
Viol aggravé sur mineur
Au pied de l'appareil, Pascal Canfin fait donc appeler le ministère de l'Intérieur. Le marché est simple : soit Manuels Valls sursoit à cette expulsion, soit Pascal Canfin annule son déplacement. La place Beauvau restant insensible à l'argument, le ministre du Développement annule, à la dernière seconde, son voyage à Bamako. Et reste à Paris.
Le ressortissant malien a bel et bien regagné, lui, son sol natal. L'homme venait de purger en France huit ans de prison pour viol aggravé sur mineur : mais Pascal Canfin ne l'a appris que plus tard, assure son entourage. Tout en précisant que cela n'aurait en rien pesé dans la décision qu'a prise le ministre au pied de l'avion. Quant aux accords de coopération, ils ont finalement été signés, assure le Quai d'Orsay : Pascal Canfin ayant été représenté par l'ambassadeur de France au Mali.
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