Cet ancien haut fonctionnaire de Bercy aurait utilisé son influence pour détourner le tracé d'une ligne à grande vitesse qui devait traverser la propriété de sa mère, dans les Landes.
Un ancien conseiller de Christine Lagarde au ministère de l'Economie et des Finances a été mis en examen mardi pour prise illégale d'intérêts. François-Gilles Egretier est soupçonné d'avoir usé de sa position pour détourner le tracé de la ligne à grande vitesse qui doit relier Bordeaux à l'Espagne. Il aurait voulu l'empêcher de traverser un domaine familial, dans les Landes.
La ligne devait en effet passer sur une propriété de 30 hectares appartenant à la mère du haut fonctionnaire et située sur la commune d'Uchacq-et-Parentis. Mais le tracé, modifié et retenu en 2010, avait été relevé plus au nord. «Il s'avère que cela s‘est fait sur l'initiative de ce conseiller», affirme Me Adrien Ville, l'avocat de l'association Les voix du fuseau nord, à l'origine de la plainte.
Une simple erreur de destinataire
Comme preuve de leurs affirmations, les plaignants avancent des e-mails «explicites» reçus par erreur par Robert Tauziat, leur porte-parole. «J'ai reçu des courriers qui n'auraient jamais dû m'arriver», explique-t-il. Ces messages font état de rendez-vous entre François-Gilles Egretier et Dominique Bussereau, ex-secrétaire d'Etat aux transports, ainsi qu'avec Jean-Marc Delion, alors directeur général délégué de Réseau ferré de France (RFF), avec pour objectif d'évoquer un nouveau projet.
«Ils montrent clairement que François-Gilles Egretier voulait modifier le tracé dans son intérêt personnel, souligne Me Adrien Ville. Dans ces messages, «personne ne cache les contacts établis pour faire en sorte que le tracé ne passe plus dans le jardin de la mère du fonctionnaire de Bercy». Il ajoute que RFF est sous la tutelle de deux ministères. Celui des Transports et celui de l'Economie. «À partir de là, on peut supposer qu'il y a eu une influence certaine», conclut-il.
L'avocat de l'ancien conseiller n'a quant à lui pas souhaité communiquer sur cette affaire. Reste que, d'après la partie adverse, «il affirme avoir agi au nom de l'intérêt général». Il aurait avancé que son projet était moins onéreux et moins impactant. En effet, avec le nouveau tracé, seules 40 habitations sont menacées, contre 60 auparavant. Mais pour Me Adrien Ville,«ces affirmations sont fausses» et «rien ne justifie le nouveau tracé» qui «ne se base pas, à la manière du précédent, sur des études réalisées par des professionnels».
Revenir au tracé initial
Une première plainte avait déjà été déposée en 2010 et classée sans suite en 2012. En septembre dernier, une instruction avait été ouverte par le pôle financier du parquet de Paris et menée par le juge Renaud Van Ruymbeke, conduisant à la mise en examen de François-Gilles Egretier. Me Adrien Ville s'est dit «satisfait que le juge d'instruction parisien» les ait «écouté».
Aujourd'hui, l'objectif des plaignants est de «tout faire pour revenir au tracé initial», annonce leur avocat. «Nous allons saisir le juge administratif pour qu'il se prononce sur la manière déloyale par laquelle a été arrêté le tracé, sans aucun respect de la transparence et donc, en contrevenant au droit». La mise en service de la ligne à grande vitesse est prévue pour 2020.
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