Interrogé par Jean-Luc Mélenchon sur les moyens de résorber la dette, Jacques Attali en cita trois : la guerre, l’inflation et la croissance [vidéo]. Mélenchon acquiesça. Ce faisant, il omit de citer un dernier moyen : la banqueroute partielle. Mélenchon, ce soir-là, eut tout de même le mérite d’affirmer que notre dette n’était pas remboursable. Attali ne le contredit pas. Et pour cause : la France n’arrive pas à rembourser les intérêts de sa dette, alors ne parlons pas du capital.
Piqûre de rappel : la dette publique française est le résultat d’un jeu d’écriture, débuté par la réforme bancaire de 1973 et achevé par l’article 114 du traité de Maastricht, qui a obligé l’État à emprunter sur les marchés avec intérêts, ce dont il se dispensait auparavant puisque, par divers mécanismes, dont celui des avances de la Banque de France, il pouvait s’endetter à taux zéro. Au titre des seuls intérêts de la dette, l’État donne chaque année à l’oligarchie financière la somme de 50 milliards d’euros, c’est-à-dire, en gros, la totalité des recettes de l’impôt sur le revenu.
Alors, que faire de cette dette irremboursable et frauduleuse ? Soit nous essayons de la rembourser au prix de sacrifices sociaux gigantesques et crevons la gueule ouverte, soit nous prenons exemple sur Sully, l’Abbé Terray (contrôleur général des finances de Louis XV) et Dominique Ramel (ministre des Finances du Directoire) et choisissons de ne pas la rembourser. La dévaluation entreprise par Poincaré en 1928 est aussi, à sa façon, une sorte de banqueroute partielle.
Notons que la banqueroute partielle est la voie la moins douloureuse pour le peuple puisque seule l’oligarchie financière serait perdante. Parmi les investisseurs institutionnels, seules les assurances-vie françaises devraient être remboursées, car elles assurent un complément de retraite à de nombreux retraités.
Divers chiens de garde nous diront que la banqueroute est impossible car plus personne ne voudra prêter à l’État français : c’est précisément là que nous attendions nos contradicteurs.
Un, la France n’a pas à s’excuser de refuser de rembourser une dette illégitime, car d’origine frauduleuse. Deux, la France n’a pas besoin des marchés pour assurer le financement de son déficit : sa banque centrale pourrait y parvenir sans aucune difficulté si les traités européens ne l’interdisaient pas.
Nos chiens de gardes reviendront alors à la charge : si la banque centrale prêtait à l’État à taux zéro, cela créerait un surcroît d’inflation. Cet argument est parfaitement faux.
L’inflation, d’une part, serait moins élevée que dans le système actuel puisque aucune monnaie ne se serait créée pour couvrir des intérêts et, d’autre part, on pourrait l’annexer aux salaires et aux retraites, afin de la rendre indolore quand elle ne serait pas profitable aux ménages.
Si la France agissait de la sorte, après quelques cris d’indignations des domestiques de l’oligarchie financière, les États européens qui ont la corde, c’est-à-dire quasi tous, s’empresseraient d’appliquer la salvatrice jurisprudence. Gageons que les États-Unis ne tarderaient pas, eux non plus, à nous suivre sur cette voie. Face au fait accompli, comme toujours dans l’Histoire, les contestataires rentreraient vite dans le rang et l’on n’en parlerait plus. Les banqueroutes précédentes de l’Histoire de France en attestent : qui se souvient d’elles ?
Mais nous l’avons dit, ce plan n’est ni envisagé par nos dirigeants, ni juridiquement permis par les traités européens.
Bref, nous faisons une fois de plus le même constat : l’UMPS doit dégager et l’Union européenne disparaître.
Adrien Abauzit pour Boulevard Voltaire