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Shimon Peres à Paris : des employés arabes et noirs cachés par la SNCF ?

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Le 8 mars, lors d’une visite du président israélien à Paris, des employés présumés musulmans auraient été écartés, selon des accusations du syndicat SUD. 

Le trajet de l’info prend parfois des chemins surprenants. C’est en lisant le Daily Mail, ce week-end, qu’on découvre une histoire absente des journaux français : le 8 mars, lors de la visite du président israélien Shimon Peres à Paris, plusieurs salariés du rail auraient été écartés du dispositif d’accueil à la Gare du Nord, en raison de leurs origines. 

Noirs et Arabes, ils auraient été présumés musulmans d’office, et donc indésirables aux yeux de la délégation israélienne. Le Daily Mail s’appuie sur un communiqué de SUD-Rail, daté du 10 avril et mis en ligne trois jours plus tard. L’indignation du syndicat a également été reprise par le site musulman SaphirNews. 

Dans son texte [PDF], le syndicat cite le cas de : 
  • trois salariés d’Itiremia, filiale de la SNCF qui emploie des bagagistes ; 
  • un contrôleur métis, travaillant dans le Thalys où voyageait Shimon Peres, et interdit de traverser son wagon ; 
  • un conducteur de manœuvre d’origine maghrébine, empêché d’aller chercher son train « car il devait traverser la zone où se trouvait Shimon Peres ». 

En ce qui concerne Itiremia, le syndicat parle de discussions engagées la veille de l’arrivée du président israélien : « Le responsable de site s’était lancé dans un étrange “marché” au sein du personnel, excluant les “Noirs et Arabes”, car il ne fallait “pas de salariés musulmans pour accueillir le chef d’Etat israélien” ! Indignés, les salarié-e-s ont demandé des explications à leur responsable qui leur a répondu que cette mesure était prise pour des “raisons de sécurité”. » 

« Nous avons décidé d’alerter la presse »
Monique Dabat, déléguée de SUD-Rail à Paris-Nord, travaillait le jour de la visite de Shimon Peres. Mais elle n’a été mise au courant de ces possibles discriminations qu’après coup, alertée par le délégué de SUD pour Itiremia : « En appelant moi-même d’autres délégués, je me suis aperçue que des agents de la SNCF étaient également concernés. » 

Elle a rédigé fin mars une déclaration, lue au comité d’entreprise : « Nous voulions dénoncer ces faits devant le directeur de la région ferroviaire Paris-Nord. Il a dit qu’il n’était pas au courant, et qu’évidemment il condamnait. Comme nous n’avons rien vu venir depuis, nous avons décidé d’alerter la presse. » 

Une enquête, menée par le CHSCT, est en cours pour éclaircir les circonstances de cette « sélection » de salariés. Elle est censée se terminer ce lundi. 

Un dispositif de sécurité « surdimensionné » 
Mehdi Mostefaoui, délégué syndical à la SNCF, est le supérieur hiérarchique du conducteur de manœuvre empêché d’aller récupérer son train. Il décrit un dispositif de sécurité « surdimensionné » ce jour-là, contrastant avec les mesures mises en place pour François Hollande quelques semaines plus tard. 

Alors que le président français se déplace, selon lui, comme « Pierre, Paul ou Jacques », Shimon Peres était très entouré : « Il y avait des CRS, des gendarmes mobiles, la police nationale, la Sûreté SNCF et le dispositif personnel de Shimon Peres. Des voies étaient fermées, à droite et à gauche de son Thalys. »  

Face au « périmètre de sécurité », l’agent (d’origine arabe) qui travaille pour Mehdi Mostefaoui se retrouve bloqué. « Il devait aller chercher un train à quai et le ramener au dépôt. Mais la sécurité de Shimon Peres l’en a empêché, malgré son passe professionnel. Personne n’avait le droit de passer. » 

Même si « l’avis personnel » de Mehdi Mostefaoui lui laisse penser qu’un salarié d’une autre origine aurait eu moins de difficultés, la discrimination n’est pas avérée dans ce cas précis. L’agent a dû attendre le départ de la délégation pour aller récupérer sa rame. 

Une chaîne de responsabilités peu claire Le cas des bagagistes d’Itiremia semble davantage étayé. « Pour cette mission, les consignes ont été très claires : il ne fallait ni Noirs ni Arabes », a déclaré au Point.fr Zachée Lapée, représentant du personnel au conseil d’administration. 


Le Daily Mail avance que la SNCF « a d’abord fait porter la responsabilité de cette discrimination au protocole de sécurité mis en place par le ministère de l’Intérieur et l’ambassade israélienne à Paris », mais les deux institutions ont nié. 

Le directeur d’Itiremia aurait admis avoir sélectionné les salariés « en fonction de leur apparence ». C’est encore SUD-Rail qui l’affirme dans son communiqué. 

Pour l’instant, impossible de savoir si la décision constitue un excès de zèle mal placé d’un chef d’équipe, ou si l’ordre vient de plus haut. D’après Slate Afrique, une enquête interne est en cours à la SNCF.

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