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Refus du compromis : l’exemple irlandais

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« Nos ennemis croient qu’ils ont pacifié l’Irlande... Mais, les fous, les fous, les fous ! Ils nous ont laissé nos guerriers morts et tant que l’Irlande aura leurs tombeaux, l’Irlande asservie ne sera jamais en paix. » Patrick Pearse

Le moindre mal est-il une solution viable ? Se compromet-on en acceptant un compromis ? Devons-nous chercher l’option la plus raisonnable ou au contraire mourir en martyr pour la Justice ? Autant de questions qui hantent la politique, et notamment à droite. De l’abandon de l’Algérie française à l’opposition au "mariage pour tous", certains décidèrent de tenir jusqu’au bout pour la cause qu’ils défendaient ; d’autres se rallièrent à une position plus confortable, celle du compromis. 

Afin d’illustrer cette question complexe et tenter d’y apporter une modeste réponse, penchons-nous sur l’Histoire de l’Irlande. 

En 1916, l’Union Jack flotte sur le château de Dublin. Depuis près de sept cents ans, l’Ile verte est sous le joug de son puissant voisin anglais. Au début du XXe siècle, le mouvement nationaliste (et catholique) est en pleine renaissance, et d’une grande diversité. Le jour de Pâques 1916, les patriotes irlandais se font tuer par Albion sur les marches de la Grand Poste de Dublin. "Une terrible beauté est née", selon W.B. Yeats. Progressivement, les patriotes mettent la pression sur Dublin et Londres. La situation sera intenable à partir du 21 janvier (décidément...) 1919, lorsque l’IRA assassine deux policiers du régime. Une guerre sans nom enflamme l’île. Londres envoie les Black and Tans, des repris de justice chargés de réprimer la rebellion irlandaise et de mater les colonnes volantes nationalistes. 21 novembre 1920 : après l’assassinat de 12 agents du renseignement britannique par la bande de Michael Collins, l’occupant massacre 14 civils dans le stade gaélique de Croke Park. C’est le Dimanche sanglant. Les embuscades se succèdent dans les campagnes, et les assassinats dans les villes. A bout, le régime établit une trêve avec les rebelles nationalistes. Le 6 décembre 1921, Londres signe un traité de paix avec une partie des rebelles, emmenés par le charismatique Michael Collins

Ce traité est un compromis : l’armée britannique quitte le pays et un gouvernement provisoire (l’Etat libre d’Irlande, membre du Commonwealth) est mis sur pied. Toute l’Irlande est libérée ? Non. Six comtés du Nord demeurent britanniques. Amer compromis... 

Michael Collins a toujours voulu le bien commun et la liberté de sa patrie. Il n’est pas un traitre, pour lui la liberté des six comtés du nord se fera avec le temps, une fois que le jeune Etat libre aura pansé ses plaies. Pourtant, sa décision de parachever le traité avec Londres est vécue comme une trahison par certains. En effet, comment accepter que six comtés demeurent aux mains de l’ennemi ? Comment renoncer si près du but ? Collins pensait agir pour le bien de l’Irlande, mais ce moindre mal était-il vraiment un bien ? Des dissidents anti-Traité, menés par le patriote Eamon De Valera (futur président de la République d’Irlande), vont mener une véritable guerre civile contre l’Etat libre de Michael Collins, leur ancien compagnon d’armes. 

Les pro-Traité pensent alors défendre l’autonomie chèrement acquise ; les anti-Traité entendent, eux, continuer la lutte afin de libérer les six comtés du nord. Ces derniers perdent la partie un an et demi plus tard, en mai 1923. D’anciens compagnons d’armes, au patriotisme égal, se sont entretués sur la question du compromis.

80 ans plus tard, force est de constater que les faits donnent raison aux anti-traités, ceux qui refusèrent le compromis. En effet, les comtés d’Irlande du nord n’ont toujours pas rejoint la République d’Irlande. Les "jusqu’au-boutistes" avaient vu juste. Les pro-Traité étaient de bonne volonté, mais ils étaient dans l’erreur. La relecture de l’Histoire doit justement nous inciter à ne pas reproduire les erreurs du passé. 

Faut-il défendre jusqu’au bout ses convictions, sans céder aux sirènes du compromis ? La raison consiste-t-elle en un refus es solutions de facilités paraissant raisonnables de prime abord ? L’exemple irlandais semble nous appeler à aller jusqu’au bout, et à ne rien lâcher. Dans le cas contraire, nos compromissions seraient des forfaitures, quand bien même nous serions des hommes de bonne volonté. Il s’agit donc de continuer la lutte sans tomber dans les pièges et les séductions fomentées par nos ennemis. Coeurs purs, ne lâchons rien !

Tout parallèle avec la loi Taubira et la question de l’union civile ne serait que purement fortuit... Et comme disent les Irlandais : " notre jour viendra ! "

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