Depuis quelques semaines, la gauche a peur. Elle panique depuis que le droit de manifester ne semble plus son monopole, ni même celui de son complice Jean-Luc Mélenchon, idiot utile du socialisme aux affaires. Elle tremble depuis que la contestation a changé de camp. Elle a des sueurs froides à l'idée que l'on découvre enfin que les vrais conservateurs de l'ordre établi se recrutent rue de Solférino.
La gauche au pouvoir a raison d'avoir peur. Car elle assiste impuissante à la fin de sa domination médiatico-culturelle, celle que les "soixante-huitards" l'ont aidé à installer il y a maintenant 45 ans. Car elle est aujourd'hui bousculée par l'irruption sur la scène politique d'une nouvelle génération en rupture totale avec ce qu'elle représente et ce qu'elle a fait de la France. Car enfin elle comprend que la "manif pour tous" n'est que la petite partie émergée d'une révolution culturelle qui va chercher ses racines dans le quotidien de cette "France d'en bas" qu'elle ne comprend plus depuis longtemps.
"L'esprit de Mai 68" tel qu'il a été interprété et mis en œuvre par la gauche peut se résumer à une chasse aux valeurs, aux institutions et au fond au "bon sens"qui est pour beaucoup dans le coma économique et social dans lequel notre pays est plongé.
"L'esprit de Mai 68" remettait en cause la course au développement économique et à la consommation, 45 ans plus tard la gauche a tenu à moitié son engagement : si nous sommes plus que jamais une société de consommation, nous avons malheureusement cessé de produire. Aujourd'hui, les enfants des "soixante-huitards" aimeraient bien "perdre leur vie à la gagner" ou "tomber amoureux d'un taux de croissance de 5%"...
De même, pour mettre à mal les valeurs honnies de travail et de mérite, la gauche, en bon légataire universel de l'esprit soixante-huitard, a acheté la paix sociale à coup de dépenses publiques. Ce nouvel opium du peuple, qui lui a longtemps assuré une clientèle électorale à bon compte, devait faire oublier la panne de l'ascenseur social et le chômage de masse. Des "allocs" et des loisirs ont remplacé le pain et les jeux.
Se souvenant des bons vieux concepts marxistes, après avoir mis à mal les infrastructures, les exécuteurs testamentaires de "Mai 68" n'ont pas oublié de s'attaquer aux superstructures : en détricotant la famille et la nation, ils ont poursuivi les chimères de l'individu-roi, du citoyen du monde, sans repères ni protection.
Cette génération qui descend dans la rue fait partie de la fameuse "majorité silencieuse", elle même constituée de la non moins fameuse "classe moyenne", et exprime un ras le bol qui dépasse de loin la question du mariage et de l'adoption par les couples gays. Au cache-sexe sociétal du gouvernement, des slogans répondent déjà dans les cortèges : "on veut du boulot, pas du mariage homo !", "la priorité c'est Aulnay, pas le mariage gay !" ou encore "On veut des emplois, pas la loi Taubira !"
Cette contestation est celle d'une génération qui compte plus d'un quart de chômeurs, plus d'un quart de personnes souhaitant quitter la France pour travailler à l'étranger, et dont le reste souhaite devenir fonctionnaire par peur du lendemain ou donne en moyenne un quart du fruit de son travail pour engraisser un Etat obèse parce que mal géré.
Il suffirait pourtant de presque rien pour que ces jeunes actifs, parfois jeunes parents, recouvrent la maîtrise de leur destin : pouvoir entreprendre, travailler et faire vivre leur famille du fruit de son travail et pourquoi pas, soyons fou, devenir un jour propriétaire de son logement. Un bonheur "petit bourgeois" diront avec mépris les soixante-huitards. Mais que ce gouvernement ne peut même plus lui permettre. A croire que les prophéties bibliques avaient raison : les pères ont mangé des raisins trop verts et leurs enfants en ont eu les dents agacées.
N'en déplaise au gouvernement qui aimerait bien dissoudre ce peuple qu'il n'aime pas, une nouvelle génération politique a pris la parole et compte bien la garder. La gauche au pouvoir a raison d'avoir peur : le mois de mai arrive et la France de 2013 ne s'ennuie pas, elle bouillonne.
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