Dans ses dernières prévisions, l'Unedic table sur une hausse de près de 130.000 chômeurs l'année prochaine.
Le gouvernement est désormais prévenu: s'attaquer aux seuls déficits des branches retraite et famille de la Sécurité sociale ne suffira pas à rééquilibrer les comptes sociaux. Un troisième front, de très grande ampleur, est en passe de s'ouvrir: l'assurance-chômage. Le bureau de l'Unedic (qui regroupe les représentants des partenaires sociaux gérant l'indemnisation chômage) a arrêté ce jeudi sa nouvelle prévision financière pour l'année 2013, «fondée sur des anticipations de croissance revue à la baisse». Alors que le gouvernement table toujours sur une croissance légèrement positive, l'Unedic se base toujours par prudence sur les prévisions du Consensus des économistes, affichant un recul de 0,2% du PIB en 2013 et un rebond modeste de 0,7% en 2014 (soit pratiquement moitié moins de celles de Bercy). Sur ces bases, «le déficit de l'assurance-chômage s'élèverait à 4,8 milliards d'euros pour 2013, portant la dette cumulée à 18,5 milliards fin 2013», explique l'Unedic. Mais - surtout - le déficit grimperait à 5,6 milliards en 2014, portant la dette cumulée à 24,1 milliards d'euros fin 2014.
En apparence, le constat dressé par l'Unedic sur l'évolution du chômage en 2013 est pourtant un peu moins sombre que lors de sa première estimation, établie en janvier. Les destructions d'emplois s'élèveraient finalement à 143.600 cette année (contre 174.000 prévus dans la précédente estimation). Mais, l'année prochaine, 40.800 emplois seraient encore détruits, aboutissant à une hausse de 65.600 du nombre de chômeurs indemnisés (toutes catégories confondues), un rythme à peine inférieur à celui de 2013. La catégorie A (chômeurs sans emploi) serait particulièrement touchée, puisque l'Unedic s'attend à 3,43 millions dans cette situation fin 2014, contre 3,3 millions fin 2013.
Le gouvernement n'a pas l'intention d'accélérer
Ces anticipations sont très éloignées du discours officiel du gouvernement qui continue à promettre une inversion de la courbe du chômage dans les six prochains mois. Interrogé sur RTL jeudi matin, le ministre du Travail Michel Sapin a encore une fois assuré que le chômage allait «continuer à augmenter au cours de ces quelques mois» avant de «s'inverser d'ici la fin de l'année». L'Unedic ne dit pas autre chose… mais pour l'année 2014! «Sous les effets conjoints de la légère progression du PIB et de la montée en charge des effets du CICE, les destructions d'emplois affiliés à l'assurance-chômage ralentiront et l'économie française pourrait redevenir créatrice d'emploi au 4e trimestre 2014», expliquent les experts de l'assurance-chômage. Soit dans plus de seize mois !
Conséquence de cette situation : alors que les recettes n'augmenteront que de 1,4% en 2014, les dépenses liées au versement des allocations progresseront de 3,1%, expliquant le creusement du déficit à 5,6 milliards. Un chiffre supérieur d'un tiers au précédent record de 2004. Ultime preuve de l'aggravation de la situation: en 2008, la dette de l'Unedic s'élevait à 5,4 milliards d'euros. Six ans plus tard, elle pourrait être multipliée par cinq. Le gouvernement, qui tenait justement ce jeudi une réunion de mobilisation consacrée à l'emploi, n'a pas pour autant l'intention d'accélérer. «Toutes nos réformes vont porter leurs fruits mais elles n'ont pas d'effet immédiat», assure le premier ministre. Un exemple ? Les emplois d'avenir, dont près de 20.000 ont été signés en six mois sur un objectif de 100.000 en 2013. Objectif que Matignon continue de juger «atteignable», malgré sa très lente montée en puissance…
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