Avoir un potager pourrait bientôt devenir un acte répréhensible. Une nouvelle loi proposée par la Commission européenne souhaite l'illégalité de la pousse, la reproduction ou la vente des semences de végétaux qui n’ont pas été testées et approuvées par une nouvelle autorité (l’Agence européenne des variétés végétales). En criminalisant la culture privée de légumes, la Commission européenne remettrait le contrôle de l’approvisionnement alimentaire à des sociétés comme Monsanto.
"Nous voulons rester libres de manger ce que nous voulons et ce que nous cultivons et libres de cultiver les variétés anciennes." Ces mots sont ceux de Damien, l'un de nos internautes qui nous a écrit via notre page 'Alerte-nous' pour rappeler qu'une marche pacifique mondiale a eu lieu ce samedi 25 mai contre 'Monsanto'. En Belgique, la mobilisation a eu lieu dimanche 26 mai à 16h à Bruxelles (quelque 1.000 personnes se sont réunies place de la Bourse) et à 14h à Anvers (80 personnes ont été arrêtées). "Monsanto" est un géant américain producteur de semences génétiquement modifiées. Pour les militants d'aujourd'hui, il s'agit principalement de dénoncer une nouvelle loi proposée par la Commission européenne qui veut rendre illégal le fait de faire pousser, de reproduire ou de vendre des semences de végétaux qui n’ont pas été testées, approuvées et acceptées par une nouvelle autorité (l’Agence européenne des variétés végétales). Bref, les jardiniers qui cultivent leurs propres plantes à partir de graines non réglementées pourraient un jour être considérés comme des criminels en vertu de cette loi.
L'exemple américain ne donne pas espoir
La Commission balaie les critiques en assurant que les petites entreprises et certaines semences de niche seront exemptées des obligations coûteuses de tests et d'enregistrement. Mais les petits acteurs du secteur s'insurgent contre des propositions qu'ils jugent taillées sur mesure pour les poids lourds de l'industrie semencière (Monsanto, Pionner, Sygenta et Dupont). Ils en veulent pour preuve les Etats-Unis où les anti-OGM dénoncent le "Monsanto Protection Act": un amendement glissé dans une loi budgétaire pour l'agriculture qui indique que la justice américaine ne pourra plus s'opposer aux mises en culture de plantes génétiquement modifiées, même si leur homologation est contestée devant un tribunal.
Indignation
Les eurodéputés verts promettent quant à eux de combattre une proposition "contreproductive et dangereuse": "La biodiversité est en danger. Les multinationales ont focalisé leurs efforts sur la création de plantes à haut rendement, mais qui sont fragiles. Elles ne peuvent subsister que dans un environnement artificialisé dépendant des engrais chimiques et des pesticides, donc du pétrole", affirme José Bové. Un avis partagé par notre internaute Damien: "Monsanto cherche à privatiser comme d'autres multinationales les semences, ce qui mettrait en péril notre indépendance, notre souveraineté et notre sécurité alimentaire en tant que consommateur et producteur. On pourrait croire que cela touche seulement les agriculteurs, mais pas du tout. Ces multinationales font pression dans les plus hautes sphères politiques de l'Europe à tel point que les petits jardiniers belges pourraient se trouver dans l'illégalité de semer leur propre variété récoltée d'année en année."
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