Le projet de loi du mariage pour tous, loin d’être un simple ajustement ou une mesure nécessaire à « l’égalité des droits » est une véritable révolution anthropologique. On sent le gouvernement peu confiant quant à la réception de cette loi dans la population, comme le montre l’argument presque unique de Jean-Marc Ayrault. Cette mesure inscrite dans le programme de François Hollande et celui-ci élu, il n’y aurait plus lieu à discussion. On conviendra qu’il existe des arguments plus convaincants lorsque l’on parle d’enjeux aussi importants que la famille et la filiation. La majorité elle-même, qui devrait porter ce projet n’est pas unanime. Outre ce que l’on a pu lire sur les éventuels doutes du Président de la République, il est patent qu’une partie des élus socialistes est opposée à cette loi, en tout ou en partie. On se souvient également des déclarations de socialistes à l’époque du vote de la loi sur le PACS, pour défendre la particularité du mariage, union d’un homme et d’une femme en vue de fonder une famille. Il s’agissait en particulier de préserver une filiation authentique, ou crédible dans le cas de l’adoption.
Cette question dépasse le clivage gauche-droite. En effet des voix se lèvent au sein de la majorité, tandis que certains à droite soutiennent la loi. Il s’agit en réalité d’activistes, minoritaires même chez les homosexuels, à la manœuvre pour faire passer cette loi. Une minorité agissante fait la loi, au détriment de la majorité.