La culture du con est un art très français. Le con est une denrée abondante en France, où l’on retrouve tous les cinq ans à la tête des plus grandes institutions un renouvellement garni et toujours plus savoureux. Le Français se plaint du con, même – et surtout – s’il a voté pour lui. Cette contradiction l’irrite et alors le Français ne vote plus. Quarante millions d’électeurs pour une poignée de candidats : notre système électoral est extrêmement élaboré pour sélectionner la fine fleur des cons.
Le con prospère en France, il est très souvent d’ailleurs Président ou ministre de l’Intérieur : à ce titre le millésime 2012 est l’année du siècle. Des cons partout, des cons heureux et contentés, des cons euphoriques, des cons moralisateurs, des cons juges, des cons poseurs d’affiches, des cons porte-parole, des cons journalistes et des cons-pulsifs ; des cons digitaux et des cons papiers.
On remarquera que le con fleurit en mai, et on le retrouve endimanché devant les micros et sur les plateaux pour étaler sa grosse bêtise, savant prodigue des idées reçues et virtuose de la langue de bois. Le con est très attentif et soigneux de ses symboles, le con déplore, le con se scandalise à tour de bras, le con s’exhibe, le con ose tout, parce que le con est le serviteur inlassable du « tout-est-possible » : car son principe n’a pas de limite, sa créativité est intarissable, sa bonne conscience immaculée.
Le con crie, le con assomme, le con obéit, le con est victorieux partout et justicier nulle part. Le con s’exclame toujours, pense rarement. Le con se porte bien, et je l’en félicite. Le meilleur des cons possible, la perle, pullule mais se ne reproduit pas : la connerie n’engendre pas, elle se dissémine, elle est une vague de pestilence qu’aucun mur des cons n’arrêtera.
Le con apprend 1789 aux enfants et les gronde s’ils rêvent de mettre des têtes au bout des piques. Le con-tradiction s’ignore. Jouer avec la police est une coutume française, qui n’a pas les mêmes règles partout : jouer à un-deux-trois, grade à vue ! équivaut à égorger un militaire, parce que discriminer c’est choisir, et le con-plexe de ne savoir discerner entre le juste et l’injuste. Si le con-spue, c’est que l’asservissement qui pèse sur ses épaules bovines n’est pas assez lourd. Il nous faudra à l’avenir davantage de sécurité, davantage de télévision, davantage de lois sociétales pour sauver la république parce que cela ne peut plus durer : le con doit persister, c’est la consigne, à demeurer dans les lignes de la bien-pensance.
Rassurez-vous, pauvres discriminés, vous que blessent ces manifestations réactionnaires : la République demeure, le gros poireau est toujours président, le parti des légumes toujours en tête, la France bovine en pleine forme. Toute cette violence qu’on a vue aux Invalides, nous allons y mettre fin : c’est Manuel qui l’a dit – parole de ministre. Et puis Jean-Luc n’est pas loin, cet ectoplasme aux dents pourries sorti d’un dernier souffle du cadavre communiste, pour te raconter des belles histoires avant de te coucher, si tu as peur.
Quant à toi, fasciste réactionnaire qui lis cet article facétieux, tu devrais avoir honte de perdre ton temps à lire ces conneries. Hier tu marchais en criant « Nous sommes le peuple ». Mon cul oui, t’es qu’un Français comme les autres. Tu défends la civilisation ? Vaste programme. Mais contre qui ? Ce serait pas plus simple de gagner les prochaines élections en fondant un nouveau parti ? Parce que tu peux toujours l’attendre le grand homme, cette courge à galons, les saisons persistent à taper dans le radis nain. Les cons ont gagné la dernière partie de chaise musicale, va falloir apprendre à courir pour la prochaine si tu ne veux pas te taper une seconde Valls.
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