L'armée syrienne a pris le contrôle "total" de la région de Qoussair, ex-fief des rebelles, au terme d'une offensive de trois semaines, a annoncé mercredi la télévision officielle syrienne. Selon des militants rebelles cités par l'AFP, la bataille de Qoussair a été "perdue". L'Observatoire syrien des droits de l'homme a lui aussi confirmé la prise de la ville par le Hezbollah et l'armée régulière. "Les groupes rebelles se sont retirés vers d'autres zones car ils manquaient de munitions", a indiqué l'OSDH.
"Nos forces armées héroïques ont ramené la sécurité et la stabilité dans toute la ville", affirme un communiqué de l'armée diffusé par la télévision. "La ville de Qoussair a été totalement désertée face à l'avancée de l'armée", indique également Al-Manar, la chaîne du Hezbollah, qui dispose d'un correspondant sur place. L'armée syrienne a par ailleurs promis "d'écraser" les rebelles partout en Syrie. L'Iran, soutien du régime d'Assad, a adressé ses félicitations à "l'armée et [au] peuple syrien" pour la prise de la ville.
Des images diffusées par la chaîne de télévision régionale Mayadine TV montrent quant à elles des militaires en train de planter des drapeaux syriens avec des photos du président Bachar Al-Assad sur les gravats qui encombrent les rues de la ville.
Prise par les insurgés il y a dix-huit mois, la ville, située près de la frontière libanaise, est assiégée depuis plus de deux semaines par les forces gouvernementales, appuyées par des miliciens chiites du Hezbollah libanais. Selon les militants, le puissant parti armé, allié indéfectible du régime de Bachar Al-Assad, a été le fer de lance de cette offensive contre la ville rebelle et y a perdu des dizaines de combattants.
POSITION INCHANGÉE POUR LA FRANCE
En reprenant la ville, le gouvernement de Damas veut assurer la liaison entre la plaine libanaise de la Bekaa, bastion du Hezbollah, et les régions de la côte syrienne où vivent de nombreux alaouites, membres d'une branche du chiisme à laquelle appartient le président Assad.
Cette avancée des forces loyalistes a lieu alors que Paris et Londres ont accusé le régime de Bachar Al-Assad d'avoir utilisé des armes chimiques. Le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius, a assuré mardi 4 juin "avec certitude" que du gaz sarin avait été utilisé en Syrie "à plusieurs reprises et de façon localisée". Deux séries de prélèvements, dont l'une ramenée aux autorités françaises par des journalistes du Monde au terme de deux mois d'enquête, ont montré la présence de résidus de gaz sarin dans l'urine de victimes.
Reconnaissant qu'une "ligne" avait été franchie, M. Fabius n'a cependant pas modifié la position de la France, renvoyant à la conférence de paix de Genève prévue pour juillet. L'offensive intervient également le jour d'une réunion tripartite entre l'ONU, la Russie et les Etats-Unis en préparation de la conférence de paix internationale sur la Syrie qui se tiendra à Genève à une date encore inconnue.
L'ASL ENVISAGE D'ALLER COMBATTRE LE HEZBOLLAH AU LIBAN
Le général Salim Idriss, de l'Armée syrienne libre, a quant à lui affirmé à la BBC ne pas exclure de combattre les militants du Hezbollah jusqu'à l'intérieur du territoire libanais. "Les combattants du Hezbollah envahissent le territoire syrien. S'ils continuent et que les autorités libanaises ne prennent pas des mesures pour les en empêcher, je pense que nous sommes autorisés à combattre les miliciens du Hezbollah à l'intérieur du territoire [libanais]" a-t-il expliqué.
L'opposition syrienne ne s'avoue pas vaincue. "La révolution bénie va continuer et la victoire sera du côté de ceux qui militent pour la bonne cause, de ceux qui ont résisté face à l'injustice et à l'oppression et défendu leurs compatriotes de la manière la plus magnifique qui soit", a affirmé la Coalition nationale syrienne dans un communiqué.
Source