Le FMI a reconnu, mercredi 5 juin, que le premier plan de sauvetage de la Grèce en 2010 s'était soldé par des "échecs notables" en raison de projections de croissance trop optimistes et des désaccords avec ses partenaires européens au sein de la troïka des créanciers (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international).
"Il y a eu des échecs notables. La confiance des marchés n'a pas été rétablie (...) et l'économie a été confrontée à une récession bien plus forte que prévu", a indiqué le Fonds monétaire international (FMI), rappelant que la Grèce a dû être massivement renflouée une deuxième fois au printemps 2012.
Ces déclarations interviennent alors même que le FMI a débloqué le 31 mai une nouvelle tranche d'aide à la Grèce de 1,7 milliard d'euros. Dans un bref communiqué, le conseil d'administration du FMI a précisé que ce versement porte à 6,6 milliards d'euros le montant total accordé à Athènes par le FMI depuis l'annonce du renflouement du pays il y a un an.
PROJECTIONS DÉPASSÉES
En 2010, le FMI estimait que le pays renouerait avec la croissance dès 2012 alors qu'il s'est en réalité enfoncé dans la récession en 2013 pour la sixième année consécutive malgré le deuxième plan d'aide massive, sur fond de manifestations croissantes contre l'austérité.
Les projections de dette publique grecque publique établies par le Fonds ont, elles aussi, été dépassées "dans une très large mesure" et n'ont pas anticipé l'explosion de l'endettement du pays, qui pourrait dépasser cette année 170 % de son produit intérieur brut (PIB), indique l'institution.
PROBLÈMES DE FONCTIONNEMENT DE LA TROÏKA
Le FMI, qui reconnaît avoir assoupli ses critères avant d'accorder son aide à la Grèce, estime que le fonctionnement même de la troïka des créanciers qu'il forme avec la Commission européenne et la Banque centrale européenne a posé des "problèmes pour la conception du programme" grec.
Selon le rapport, "le Fonds était tenu de négocier d'abord avec les pays de la zone euro (...) et ensuite avec les autorités grecques", créant une source d'"incertitude" alimentée par les hésitations européennes.
Avec le recul, le FMI assure ainsi que la restructuration de la dette privée du pays, qui a eu lieu en mars 2012, aurait dû être menée dès 2010 mais que cette solution n'était alors pas "politiquement réalisable" en raison de l'opposition des Européens. "L'arrangement au sein de la troïka était inhabituel", souligne le rapport.
BRUXELLES EN "DÉSACCORD FONDAMENTAL"
La réaction de la Commission européenne ne s'est pas fait attendre : elle se dit en "désaccord fondamental" avec le FMI sur plusieurs aspects de son rapport, notamment à propos de la restructuration menée au printemps 2012, opération que le FMI aurait souhaité mener dès 2010.
Simon O'Connor, un porte-parole de la Commission, estime, en effet, que cela aurait risqué de déstabiliser l'ensemble de la zone euro.
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