Selon le décompte effectué par « Le Réel », plus de 700 personnes au moins ont été arrêtées à Paris pour avoir manifesté leur opposition à la loi Taubira.
Les premières manifestations se sont déroulées sans encombre pour la police… et les manifestants. A Paris, le 17 novembre 2012 et le 13 janvier 2013, aucune garde à vue n’est à recenser. Aucun débordement, et d’ailleurs aucun dégât : les éboueurs de Paris n’auront rien à ramasser derrière les 300.000 personnes – au moins – dûment comptées par la police.
Il est difficile de faire le décompte entre interpellations simples et gardes à vue. Mais la date de début est facile à garder en mémoire. Il s’agit du 24 mars, jour où la police procède pour la première fois à 98 interpellations en marge de la Manif pour tous. Les forces de l’ordre, visiblement dépassées par l’ampleur de la manifestation, font pour la première fois usage de gaz lacrymogène. Sur ces 98 personnes interpellées, seules 6 se verront notifier une garde à vue.
La situation se tend à partir du 12 avril et le vote à main levée de la loi au Sénat. Suite à la manifestation qui finit devant l’institution, puis qui se poursuivra une partie de la nuit par un jeu de cache-cache avec les CRS dans les rues de Paris, la police durcit son dispositif. Entre le 12 et le 15 avril (début des manifestations quotidiennes), 201 personnes sont mises en garde à vue. Parmi elles, 67 jeunes gens qui avaient installé une tente devant l’Assemblée Nationale le samedi 13 avril et 14 personnes venues « accueillir » le ministre de l’intérieur Manuel Valls et son épouse devant la Salle Pleyel.
Le 18 avril, après la manifestation quotidienne, 12 personnes seront mises en garde à vue.
Les premiers Veilleurs sont interpellés ce soir là. Plus d’une cinquantaine de jeunes sont emmenés dans le panier à salade, alors qu’ils écoutaient des chants assis dans l’herbe. Ils ont été arrêtés parce que l’autorisation qui leur avait été faite de rester jusqu’à minuit et demie leur a été retirée au dernier moment. La police a néanmoins semblé vouloir changer d’attitude : depuis cette nuit là, les Veilleurs ne sont plus dégagés manu militari par les CRS.
A la suite de la manifestation parisienne du dimanche 21 avril, 22 personnes seront encore arrêtées. Chaque fois, on note que pas une seule personne n’est arrêtée lors des manifestations, mais toujours après leur dispersion. Et pas une seule fois ces arrestations n’ont été effectuées pour des actes de violence.
Le 5 mai, la manifestation francilienne organisée en pleines vacances scolaires, plus petite et familiale, se termine dans le calme avec les Veilleurs, qui seront délogés vers 5h du matin de l’avenue de Breteuil.
C’est la grande manifestation du 26 mai qui donne lieu à la plus vaste opération de police. Selon le ministère de l’Intérieur, 4500 policiers et gendarmes spécialisés dans le maintien de l’ordre ont été mobilisés. Comme lors des manifestations précédentes, « Le Réel » était sur place et a parlé aux policiers. Ils étaient peu inquiets et venaient, pour la très grande majorité d’entre eux, de province. Un gendarme confiait alors que le ministère avait vu les choses en grand à cause des débordements qui avaient eu lieu à l’occasion de la victoire du PSG célébrée au Trocadéro. En marge de ces célébrations, les vitrines brisées et un bus de touristes vandalisé avaient donné lieu à 42 arrestations : le tapage et les jets de bouteilles des derniers manifestants du 26 mai ont pour leur part débouché sur 231 arrestations par la police.
La police continue son devoir de surveillance même après la fin des manifestations : le 27 mai, 93 personnes, dont une femme enceinte et une octogénaire, sont embarquées pour s’être rassemblées devant le lycée Buffon (XVème arrondissement) où se trouvait le président François Hollande.
Rien qu’à Paris, entre le 24 mars et le 27 mai, on dénombre donc au moins 704 arrestations en rapport avec l’opposition à la loi Taubira.
Ce décompte, réalisé à partir d’articles publiés par de grands médias, ne prend pas en compte les récits publiés sur les blogs d’arrestations pour port de t-shirt aux couleurs de la Manif pour tous. Il ne recense pas non plus les arrestations qui ont eu lieu en province.
Le réel