“L’Enfer Vert – Un projet pavé de bonnes intentions” est une étude claire, concise, précise, de la société que nous préparent les écolo-technocrates à partir du cas de Lille Métropole.
L’auteur, Tomjo, rédacteur au journal lillois La Brique, n’était pas né quand Ivan Illich, André Gorz, Bernard Charbonneau, parmi d’autres penseurs de l’écologie politique, mettaient en garde leurs lecteurs contre l’émergence d’un techno-fascisme vert afin de rationaliser et “d’optimiser” la gestion du monde résiduel, en proie à l’effondrement écologique et social.
Ils nous l’avaient pourtant bien dit dans “La convivialité” (1973), “Ecologie et liberté” (1977), ou “Le feu vert” (1980), dont Tomjo cite les plus lucides et cruelles prophéties.
“... Les limites nécessaires à la préservation de la vie seront calculées et planifiées centralement par des ingénieurs écologistes, et la production programmée d’un milieu de vie optimal sera confiée à des institutions centralisées et à des techniques lourdes. C’est l’option techno-fasciste sur la voie de laquelle nous sommes déjà plus qu’à moitié engagés.” (Ecologie et liberté, 1977)
On sait que les écotechs Verts se présentent - à juste titre – comme les meilleurs gestionnaires du système, les plus compétents, les plus experts candidats à la direction de ce Green New Deal qu’ils revendiquent. Bref, la meilleure et peut-être l’ultime chance d’un capitalisme reverdi. Et c’est d’ailleurs une opinion répandue en Allemagne, en Suisse, en Autriche, où leurs représentants, bac +7 et CSP+, fringants ingénieurs, voraces et ivres de bonne conscience, nouent des alliances “décomplexées” et accèdent au pouvoir local ou national. En France, depuis les dernières élections régionales et grâce à la mise en place d’une machine électorale enfin rôdée aux manigances politico-financières, leur bureaucratie ne ne tient plus en vue des postes ministériels, administratifs, de sénateurs ou de députés, si longtemps convoités. Il n’est pas jusqu’à la catastrophe de Fukushima qui ne serve leurs appétits, lorsque dans leurs négociations avec la sociale-technocratie du PS, ils bradent la fermeture des centrales nucléaires contre un supplément de députés.
Ce que l’on découvre dans “L’Enfer Vert”, c’est :
1) le détail historique de cette intégration des Verts au pouvoir local des années 1970 à nos jours - et ce qui vaut pour Lille Métropole vaut bien sûr pour Grenoble, le Sillon Alpin, Rennes ou Paris ;
2) l’extrémisme de leur idéologie technocratique. Les Verts ne se contentent pas de verdir de communication niaise l’édification de la méga-technopole lilloise. Sous couvert de bonne gestion, ils sont à l’avant-garde de la technocratie, toutes tendances confondues, pour imposer de nouvelles infrastructures adaptées au trafic de masse et de marchandises - train, canal, gares et quartiers d’affaires -, pour détruire les derniers lambeaux de nature, pour fortifier la liaison recherche-pouvoir-indutrie (textile) nécessaire à la croissance.
Mais ils font pire. A Lille, aujourd’hui, les Verts implantent la police totale des RFID, les puces électroniques communiquantes, dans les transports, les bibliothèques, les piscines, les cinémas, les cantines, etc, via une “Carte de vie” qui servira à la traçabilité et au profilage de ses porteurs. Sous prétexte de “sauver la planète et les générations futures”, les Verts enrobent de tout leur discours “écologiste” l’édification de la “technopole intelligente”, “smart city”, “ville ubiquitaire”, “augmentée”, dont IBM leur a vendu le projet (voir “L’Industrie de la contrainte”, Pièces et main d’oeuvre, éditions l’Echappée, 2011).
S’il ne servait qu’à cela, ce livre aurait au moins le mérite d’alerter les Lillois sur leur futur d’hommes-machines sous pilotage du macro-système électronique de leur ville-machine.
Et une fois de plus, ce qui vaut pour Lille vaut pour toutes les technopoles et métropoles.
Source Pièces et main d'œuvre