ISTANBUL (Reuters) - Dix ans après l'avoir abolie dans l'optique d'une adhésion à l'Union européenne, la Turquie pourrait rétablir la peine de mort, a déclaré le Premier ministre Tayyip Erdogan.
Le chef du gouvernement sera probablement candidat lors des élections présidentielles de 2014 et une telle prise de position pourrait lui attirer les suffrages d'électeurs de plus en plus sceptiques quant au bien-fondé d'une entrée dans l'Europe.
Sa déclaration, faite dimanche lors d'une intervention publique, coïncide également avec un regain de violence de la part des séparatistes kurdes. "Face aux morts, aux assassinats, la peine de mort devrait si nécessaire être remise sur la table (des discussions)", a déclaré le chef du gouvernement d'obédience islamiste. La Turquie avait annoncé l'abolition de la peine de mort en 2002, une mesure qui est devenue effective en 2004, deux ans après l'arrivée au pouvoir de l'AKP, le parti de Tayyip Erdogan.
L'abolition de la peine capitale constitue un préalable à l'adhésion à l'UE. Mais les négociations entre la Turquie et le bloc européen sont pratiquement au point mort depuis des années.
Plusieurs commentateurs accusent le Premier ministre de recourir au populisme en prévision du scrutin présidentiel. "Il est probable que l'entourage du Premier ministre, instruit par les derniers sondages de l'état de l'opinion, lui a conseillé d'adopter une position favorable à la peine de mort, qui servirait ses desseins présidentiels", écrit lundi dans le quotidien Hurriyet l'éditorialiste Yusuf Kanli.
Daren Butler, Pascal Liétout pour le service français, édité par Gilles Trequesser