« Les archives nationales égyptiennes sont menacées ». C’est le cri d’alarme lancé par un collectif d’intellectuels égyptiens après la décision du ministre de la Culture de limoger tous les responsables de « Dar el-Wassaek », les archives égyptiennes. Le directeur démis de ses fonctions en a même appelé au ministre de la Défense pour envoyer l’armée sauvegarder « le patrimoine historique » que représentent les archives.
Les intellectuels sont convaincus que le soudain limogeage de la plupart des hauts responsables des Archives nationales est politique. Ces archives, créées par le Khédive Ismaïl au moment de l’inauguration du Canal de Suez en 1869, abritent la mémoire moderne de l’Egypte. Aujourd’hui, les Archives nationales d'Egypte sont l'une des plus grandes archives nationales dans le monde. Elles ont traversé la Première et la Seconde Guerre mondiale, la révolution de 1952 et les guerres égypto-israéliennes. Elles ont échappé à l’autoritarisme de Nasser, Sadate et Moubarak qui, non seulement n’ont pas osé y toucher, mais qui ont, de plus, enrichi et modernisé l’institution. Mais avec l'arrivée au pouvoir des Frères musulmans, les intellectuels craignent que les archives ne soient « purgées » de tout ce qui est considéré « contraire à l’islam » comme cela s’est passé pour les archives iraniennes après l’arrivée de Khomeiny.
La promotion d’une « culture des Frère musulmans » ?
Depuis son arrivée au ministère de la Culture Alaa Abdel-Aziz a multiplié les limogeages sous prétexte de « lutte contre la corruption ». La directrice de l’Opéra, une flûtiste de renom, a été remplacée par un régisseur de plateau ; la Maison du livre a vu son directeur-écrivain remplacé par un bureaucrate. Il est vrai que le ministre est lui-même un professeur de montage inconnu des milieux intellectuels si ce n’est pour un prétendu scandale sexuel.
Bref, les intellectuels et les artistes estiment que le ministre a pour unique mission de détruire la culture telle qu’ils la perçoivent pour la remplacer par la «culture Frère musulmane». Une culture « qui commence par le Coran et la mosquée » selon le mufti de la confrérie.
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