La manipulation de la triste affaire Méric aurait-elle fait un flop ? Dans un sondage rendu public ces derniers jours, une majorité de Français (58 %) juge les groupuscules d’extrême gauche aussi dangereux que ceux d’extrême droite.
Les contes du père Valls, c’est comme les contes de ma mère l’Oye : passé l’âge de 8 ans, on a fini d’y croire. Et pas seulement à cause du souvenir qu’ont laissé les Brigades rouges ou Action directe. Mais parce que beaucoup de Français ont fait un cursus universitaire et ont pu voir à l’œuvre les gentils enfants de chœur inoffensifs et idéalistes dont Manuel Valls, en écrasant une larme, nous a dressé le portrait.
Allez, on fait un test, Manuel, pour montrer à tous ces Français qu’ils ont tort ? On se cotise pour t’offrir un joli polo rose de la Manif pour tous et on te plante là dix minutes au milieu du campus de Nanterre, juste pour regarder combien de temps tu tiens. La vérité est qu’à côté, Bruce Willis portant sa pancarte « I Hate Niggers » en plein Harlem dans le film Une Journée en enfer, c’était de la promenade de santé.
Quiconque est passé par Nanterre, Tolbiac, Villetaneuse, Jussieu (et j’en passe) sait très bien que les groupuscules d’extrême gauche, inflexibles oligarques boutonneux, ne tolèrent pas la moindre pensée déviante, je devrais dire le moindre look déviant. Malheur aux mocassins cirés, aux chemises propres et aux cheveux bien peignés. Leur dress code à eux, quoiqu’un peu spécial, ne chiffonne en revanche personne. J’ai vu le portrait craché de John Lennon débarquer en TD (travaux dirigés) avec un tee-shirt orné de l’inscription « Fuck the Army » en belles lettres rouges sans que le prof ne s’en émeuve. Il faut croire que ce dernier ne parlait pas anglais. Ou avait le même dans sa penderie.
Bras armé de l’UNEF (Union nationale des étudiants de France) avec laquelle ils se confondent souvent, jouissant d’une totale impunité, ces groupuscules se chargent, depuis des dizaines d’années, de « convaincre » des facultés entières de se mettre en grève chaque fois qu’une tentative de réforme est amorcée par un gouvernement de droite. « Les étudiants, à main levée, ont décidé de reconduire le mouvement », affirmait triomphalement l’UNEF à l’issue de chaque assemblée générale anti-CPE. Forcément. Puisque ceux qui n’étaient pas d’accord préféraient se barrer en vitesse, fesses serrées et en rasant les murs, trop contents, déjà, de ne pas avoir été repérés. Il faut dire qu’au fond de l’amphi, il y avait le SCALP. Un joli petit nom pacifique qui est en fait un acronyme : Section carrément anti Le Pen. Mais les membres du SCALP étant des gens généreux, ils ne réservaient pas leurs amabilités au FN : avoir une tête de sympathisant de l’UMP suffisait souvent pour prendre une claque.
Et en face, à l’extrême droite, quel groupuscule dans les universités parisiennes ? Le GUD, bien sûr. Qui ne connaît pas le GUD ? Mais ce groupe, qui a eu son heure de gloire dans les années 70, est à présent confiné à Assas comme l’espèce en voie de disparition du héron cendré l’est dans le parc naturel du Quercy. Et si le GUD ne peut pas tenir tout entier dans une cabine téléphonique, c’est simplement parce que lesdites cabines n’existent plus.
Mais comment imaginer une minute que Valls, ancien vice-président de l’UNEF (à l’époque UNEF-ID) à Tolbiac, puisse avoir l’honnêteté de le reconnaître ?
Gabrielle Cluzel