Pauline Lecomte : Vous suggérez que la polarité des deux sexes est la condition de l'harmonie et de la perpétuation de la vie. De son attrait aussi ?
Dominique Venner : Il a fallu les chambardements du XXe siècle pour qu'on écoute quelques toquées assurant qu'on ne naît pas femme, mais qu'on le devient. Sans doute pensaient-elles aussi qu'on ne naît pas cerf ou biche, mais qu'on le devient en broutant de l'herbe...
Si je me fie à ce que j'ai pu observer, la particularité des humains de toutes races est d'ajouter à ce qu'ils tiennent de la nature la part de leur culture qui transcende leur animalité. Autrement dit, ils sont le résultat à la fois de leur hérédité, de leur culture et de leurs représentations. Concernant les relations entre les deux sexes, les différences sont assez saisissantes d'une civilisation à l'autre. Traditionnellement, par exemple, l'Orient proche ou lointain, tout en respectant les mères âgées, méprise quelque peu la féminité. La Chine et l'Inde favorisent la naissance des enfants mâles, tandis que l'Islam ne répugne pas à la brutalité, faisant lapider la femme adultère et fouetter l'indocile. "Quant à celles dont vous craignez la désobéissance, lit-on dans le Coran, exhortez-les, éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les." Voilà qui choque les Européens dont la tradition a toujours célébré et respecté la féminité dans la vie, la littérature et les arts, comme on peut le lire déjà dans Homère (Hélène ou Pénélope).
Dans leur ancienne sagesse, les Européens savaient aussi qu'en dépit de toutes les exceptions, les femmes, à l'image de Vénus, s'accomplissent surtout dans l'affection et l'amour, alors que les mâles, à l'exemple de Mars, se réalisent plus volontiers dans la lutte et le conflit.
Dominique Venner, Le choc de l'histoire