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Apprendre à écrire bientôt optionnel dans les écoles de 45 Etats américains

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45 États américains vont rendre l’apprentissage de l’écriture manuscrite optionnelle à l’école. 

L’apprentissage de l’écriture à l’école ne sera peut-être plus qu’un lointain souvenir, prévient la journaliste Émilie Lanez dans l’édition du Point du 21 février. À l’heure ou nous envoyons des mails, textos ou messages tchats au détriment de belles lettres manuscrites, est-il toujours légitime d’apprendre à écrire à l’école ? La question peut surprendre. Pourtant aux États-Unis, elle a déjà été tranchée : d’ici 2014, l’écriture manuscrite sera un enseignement optionnel dans 45 États américains. À la place, sera privilégié l’apprentissage de … Word. Après tout, en Grande Bretagne d’après un sondage, 40% des citoyens déclarent n’avoir rien écrit à la main depuis 6 mois

Pour Monica Baerg, 16 ans, élève au lycée d’Arcadia en Californie, interrogée par AP, écrire en attaché, ça ne sert à rien. Les devoirs sont systématiquement tapés à l’ordinateur. Quand Monica est forcée d’utiliser un stylo, elle écrit en lettres d’imprimerie. « Personne ne nous a jamais forcés à utiliser l’écriture cursive, donc c’était pénible de mémoriser les lettres« , raconte cette adolescente… qui a cependant des difficultés à déchiffrer ce que ses parents écrivent. 

Savoir écrire à la main, c’est savoir lire
Car comme l’expliquent les chercheurs du CNRS Jean-Luc Velay et Marieke Longchamps, interrogés par Le Point, savoir écrire à la main, c’est savoir lire. 

Tous deux ont étudié la lecture par imagerie cérébrale. « Quand l’œil lit, le cerveau écrit à la main. Lire, c’est écrire », expliquent-ils au Point. Quand on lit, plusieurs zones du cerveau simulent l’acte d’écriture manuscrite. Lorsqu’on écrit à l’aide d’un clavier, c’est différent : quelle que soit la lettre choisie, le geste est identique : frapper une touche. 

Écrire à la main aide à exprimer ses émotions
En outre, une écriture manuelle reste très personnelle, et permet de retranscrire ses émotions, note Jacques Gilbert, maître de conférence en littérature à l’université de Nantes, interrogé par Le Point
« Dans l’écriture manuelle, le corps s’exprime, on voit si le scripteur était en colère, heureux, pressé. Le lecteur peut imaginer la personne et reconnaître dans sa graphie manuscrite dans quel contexte émotionnel elle a été produite. L’écriture sur écran renvoie une image distante »

Mais taper sur un clavier « libérerait » notre écriture
Pour d’autres, taper sur une machine à écrire puis sur un clavier aurait une influence bénéfique sur le mode de notre écriture.

 Dans son livre Internet nous rend-il bête (Robert Laffont), que cite Le Point, l’essayiste américain Nicholas Carr raconte l’achat par le philosophe Friedrich Nietzsche d’une machine à écrire : « Une fois qu’il eut maîtrisé la frappe, il fut capable d’écrire les yeux fermés, utilisant uniquement le bout de ses doigts. Les mots pouvaient de nouveau couler de son esprit à la page. Mais la machine eu un effet plus subtil sur son travail. Un des amis de Nietzsche, un compositeur, remarqua un changement dans son style d’écriture . Sa prose, déjà laconique, devint encore plus concise, plus télégraphique. (…) ‘Tu as raison, répondit Nietzsche, nos outils d’écriture participent à l’éclosion de nos pensées« . 

En outre, la facilité d’effacer son texte, de le réécrire, le découper via le traitement de texte informatique permet à un amateur de désinhiber son écriture : « Le couper / coller a libéré le geste d’écrire de l’enjeu de la décision. Avec un clavier, on pense un mot plus gratuitement, plus légèrement », analyse pour Le Point Roland Jouvent, psychiatre et directeur du centre émotion du CNRS. Quitte à moins réfléchir au mot juste, ou à enrichir son vocabulaire, agrémenter son texte de figures de styles ? « Les outils de la création de l’esprit se perfectionnent mais ne se substituent pas au talent : Léonard de Vinci aurait probablement peint ‘La Joconde’ avec autre chose qu’un pinceau », tempère le psychiatre. 

Pour lui, quoiqu’il arrive, les nouvelles générations n’auront plus la patience d’écrire avec de l’encre. « Je crois que, dans vingt ans, un maître d’école ne pourra plus tenir vingt bambins dans sa classe en leur faisant reproduire des pleins et des déliés ». 

Mais à six ans (âge d’apprentissage de l’écriture en France), un enfant ne préfère-t-il pas montrer à ses parents les jolies courbes de couleurs écrites de sa main hésitante représentant son prénom, aux caractères universels tapés sur un clavier ?

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