C’était quoi, dimanche soir, à Neuilly-sur-Seine, cette centaine de fourgons de CRS à touche-touche ? La sécurité du G8 ? Une menace terroriste ? Plus simplement François Hollande interrogé sur M6. Sur Capital, pour être précis, afin de bien faire comprendre aux Français que, désormais, le Président allait parler d’économie.
Bon, c’est sûr, c’est pas en mobilisant 700 policiers et gendarmes pour un passage à la télé qu’on va en faire beaucoup, des économies, mais il faut dire qu’une Manif pour tous avait prévu d’accueillir le premier des Français au siège de la petite chaîne qui monte. Ça valait bien un bouclage du quartier à grand renfort de camions-boucliers.
Une scène qui m’en a rappelé une autre, bucolique celle-là. C’était le dimanche 13 mai 2012, une semaine après l’élection de François Hollande. Je traversais la charmante bourgade de Ville-d’Avray, aux confins des Yvelines et des Hauts-de-Seine, lorsque, longeant les étangs que Camille Corot aimait à peindre, je le vis. Il marchait sur le trottoir, Valérie Trierweiler à son côté, tel monsieur Tout-le-monde. Quelques gardes du corps le couvaient bien du coin de l’œil, mais à bonne distance, pour ne pas troubler la quiétude dominicale du couple. Deux jours plus tard, François Hollande devenait officiellement le septième président de la Cinquième République.
Ne devrait-il pas être en train de composer son gouvernement ? m’étais-je interrogé, taquin. L’image, en tout cas, était belle : celle d’un président circulant librement au milieu de son peuple. Certes, nichée entre le parc de Saint-Cloud et la forêt de Fausses-Reposes, Ville-d’Avray n’est pas la dalle d’Argenteuil. Mais tout de même : le changement avec l’ère sarkozyste était flagrant. Terminé les marins-pêcheurs invectivant l’ancien Président, les badauds le gratifiant d’un « touche-moi pas, tu vas me salir », au Salon de l’agriculture, le service d’ordre pléthorique. Non, François Hollande allait montrer que la normalité, c’était ça aussi : aller au contact du peuple.
Mais depuis quelques mois, surprise ! Le chef de l’État semble lassé du populaire. Alors que des comités l’accueillent désormais à chacun de ses déplacements, il se fait toujours plus fuyant. Le tromperait-on sur les bons sentiments du citoyen ? À Dijon, il coupe court à la conversation avec cet homme lui demandant ingénument où sont passées les promesses du candidat. Tout comme il ne comprend pas l’amitié que lui fait cette dame en lui lançant au sujet de Valérie Trierweiler : « Ne l’épousez pas, on l’aime pas ! »Au Louvre, il fait évacuer la Cour Carrée, sans doute pour assurer la tranquillité auditive d’Angela Merkel, venue visiter une exposition sur l’Allemagne. Même dans sa bonne ville de Tulle, il semble désormais entrer par la porte de derrière, et sortir par la fenêtre des toilettes.
Alors, on fait quoi, la prochaine fois, on appelle la Légion ? Et on serre les fesses en attendant le retour des dimanches de Ville-d’Avray, avec bobonne, chevalet et canne à pêche ?
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