La pudeur est une réserve d’ombre, un savoir-faire dans l’obscurité. Les partisans de l’authenticité, de la vérité à tout prix, de la transparence, de la “peau sur la table”, du blanc ou du noir n’en ont aucune idée, ou plutôt ils la sentent et la haïssent. Rien de plus dangereux, par les temps qui courent, que la pudeur informée. “Malheur à moi, disait Nietzsche, je suis nuancé.” Rien de plus antitotalitaire que la pudeur. Elle réussit ce prodige d’être à la fois révolutionnaire et aristocratique.
Philippe Sollers - in Le Nouvel Observateur