Confronté à l'occupation d'un champ de sa commune par des gens du voyage, le député-maire de Cholet a affirmé : «Hitler n'en a peut-être pas tué assez». Mais celui-ci affirme que l'enregistrement publié sur le site du Courrier de l'Ouest a été «bidouillé».
Peu habitué des polémiques, l'Union des Démocrates et Indépendants (UDI), le parti de Jean-Louis Borloo, fait face à sa première controverse depuis sa création en septembre 2012. Le député-maire de Cholet (Maine-et-Loire), Gilles Bourdouleix, a fait référence dimanche soir à l'extermination nazie lors d'un échange musclé avec des gens du voyage. «Hitler n'en a peut-être pas tué assez», a-t-il lâché, après l'arrivée de 150 caravanes de la mission évangélique Vie et Lumière sur un terrain agricole de la municipalité. Des propos rapportés lundi par Le Courrier de l'Ouest, que l'UDI a unanimement dénoncés, avant d'annoncer l'exclusion de Gilles Bourdouleix.
Jean-Louis Borloo, qui a condamné «de la manière la plus formelle» ces propos, a saisi la direction de l'UDI sur «les suites inévitables à donner» à cette affaire. Le comité exécutif du parti doit se réunir mercredi soir pour acter l'éviction de l'élu. Un scénario confirmé sur Twitter par le secrétaire général de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde: «La seule sanction possible est l'exclusion qui devra être adoptée lors du Comité Exécutif de mercredi prochain», a écrit le député.
«On n'a pas les moyens de faire autrement que d'attendre la réunion mercredi du Comité exécutif de l'UDI, mais tout le monde est unanime. Mais, rien dans nos statuts ne permet de procéder à une exclusion en urgence hors de ce cadre, a ajouté lundi soir le porte-parole des députés centristes. Mais, politiquement, il n'y a pas eu d'hésitation.». Autre réaction, celle d'Yves Jego: «Les propos rapportés par Le Courrier de l'Ouest sont ignobles et inacceptables. L'exclusion de l'UDI de leur auteur doit être immédiate», a approuvé le délégué général du parti centriste.
Dès lundi matin, Gilles Bourdouleix a nié les propos rapportés par le quotidien régional, indiquant avoir répliqué aux gens du voyage que s'il avait «été Hitler effectivement, ils seraient morts». Il a aussi annoncé avoir «déposé plainte pour diffamation, atteinte à l'honneur et atteinte à l'image» contre Le Courrier de l'Ouest. Mais la publication de l'enregistrement sur le site Internet du journal a fait tomber sa défense. Dans la vidéo, on l'entend évoquer à plusieurs reprises la «loi» pour justifier un déplacement du campement sur un autre terrain. Puis, face aux protestations des gens du voyage, dont certains le traitent de «sale Hitler» et font, selon lui, des saluts nazis, celui-ci lâche, un peu moins fort: «Comme quoi, Hitler n'en a peut-être pas tué assez.»
Loin de se démonter, le maire de Cholet accuse le journaliste d'avoir «bidouillé» l'enregistrement. «Il n'en a diffusé qu'une partie. On entend d'ailleurs un petit «clac» sur la bande comme si cela avait été coupé avant que je ne parle d'Hitler», se défend Gilles Bourdouleix, contacté par LeFigaro. «Le journaliste me fait dire des propos que lui-même vient de prononcer et que je répète», ajoute-il, en dénonçant «une manipulation évidente, alors que ce journal a été condamné fin juin dans deux dossiers» contre lui. «Je suis écœuré, poursuit l'élu. Je n'ai qu'une envie, c'est de me casser chez moi et je ne sais pas si on va me revoir de sitôt». Si celui-ci n'envisage pas de démissionner, il concède toutefois qu'il prendra ses vacances «plus tôt que prévu». Gilles Bourdouleix ne sait pas en revanche s'il maintiendra sa plainte contre le quotidien. Quant à Jean-Louis Borloo, il assure ne pas lui en vouloir, mais le dit «manipulé par des gus à l'UDI, qui essayent de pousser dehors ceux qui sont le plus à droite dans le parti».
Gilles Bourdouleix est connu pour avoir multiplié les procédures contre les gens du voyage ces dernières années. Dernière en date: une plainte déposée en novembre 2012 pour «tentative de meurtre» contre X et contre le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, après un différend l'ayant opposé à des gens du voyage dans sa commune. Mais dans cette affaire, il faisait également l'objet d'une plainte de la Ligue des droits de l'Homme pour «provocation à la haine ou à la violence et à la discrimination raciale à l'encontre des gens du voyage d'une part, et de diffamation raciale d'autre part» pour des propos qu'il aurait tenus lors de ce différend. «Ils volent l'électricité, ces gens-là sont des voyous, des assassins et des voleurs», avait à l'époque rapporté Ouest-France.
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