Dans son dernier numéro, l'hebdomadaire anglais (libéral) est alarmiste : si la France ne se réforme pas, elle va faire sauter l'euro. The Economist rappelle qu'il avait prédit un sort funeste à Berlusconi s'il ne réformait pas l'Italie. On sait ce qui est advenu. L'attaque est si frontale que des gros calibres du gouvernement ont réagi? Pour Montebourg, l'hebdo anglais n'est que le "Charlie Hebdo de la City".
Le Point n°2097
Souvenez-vous. Chute du Mur de Berlin, pour certains grands universitaires, c'est la fin de l'Histoire, la société libérale a vaincu et survécu, nous nous acheminerons vers une société du progrès et de l'économie de marché, avec des croyances de ressources infinies. Fin des années 1990, on nous parle de la mise en place de l'euro, que nous allons payer moins cher, éviter de changer notre monnaie et profiter d'une monnaie forte.
Mais voilà, l'économie de marché est un système qui a ses limites, la déraison l'emporte facilement, nous l'avons bien vu avec la gabegie des systèmes financiers et la crise de 2008. Cette crise ne fait que révéler les problèmes de dette des États qui surenchérissaient sur leur propre dette. Et quoi que l'on dise, l'euro ne nous a pas aidé, bien sûr chaque État a son propre contexte historique, politique et économique, mais ce jeu de dominos montre bien la fragilité d'un système qui n'a favorisé que les grands cartels au détriment des classes moyennes. Jeu de dominos ? Après la faillite de l'Islande, la Grèce est dans une impasse, la discrète Irlande est dans une situation critique, les Italiens ont vu comme leurs homologues Grecs leur gouvernement être substitué par des anciens banquiers et commissaires européens pour maintenir la stratégie du choc (Naomi Klein), aujourd'hui l'Espagne boit la tasse et son voisin Portugais le suit (émigration, fort taux de chômage...).
Quand on agitait le spectre communiste sur la théorie des dominos en Asie du Sud-est, il y avait encore une variable géopolitique. De nos jours, tout le monde ce qui est en train de se préparer, certains ne veulent pas le voir, d'autres défendent ce système qui pour X raison doit tourner en leur avantage.
Ça y est, les pays latins sont dans la crise, les pays nordiques viendront aussi, les économistes savent bien que la charnière, le domino central européen dans la crise économique des États-membres, c'est la France, si elle tombe, la Grande-Bretagne suivra, et l'Allemagne sera en piteuse situation. Quid de l'Allemagne en crise économique alors qu'elle est l'un des principaux créanciers du paquebot Grèce en train de couler ? Pas besoin de thèses alarmistes, nous saurons tout cela bien assez tôt.
Cassandre a frappé, mais Cassandre restera Cassandre.
Nous nous rappelons encore de la période où il avait été dit aux gens qui suivaient ce blog et d'autres plus spécialisés et pertinents que le notre en économie d'acheter de l'or. L'or a explosé. Nous demandions la fin de l'euro, ce colosse aux pieds d'argile, thèse impensable il y a encore trois ans. Thèse aujourd'hui développée même par des prix Nobel d'économie ou encore par des banques qui ont mis en place un système bis si demain certains États devaient quitter l'euro (système de transaction avec la lire et le drachme...). Quand Christine Lagarde soutenait mordicus en 2008 que "le gros de la crise est derrière nous" (quelle perspicacité pour un directeur du FMI), certains indépendants depuis le début parlent du fait que cela viendra, des pays latins aux pays nordiques enfin. Aujourd'hui, la nomenklatura ne se demande pas si cela va arriver mais quand cela va arriver.
Malheureusement, le duel Copé/Fillon semble plus important qu'un risque de récession. Peu importe, vous le savez, préparez-vous, renseignez-vous, et conservez cette mémoire politique. Il ne faut pas oublier que nous restons d'abord et avant tout dans une société du spectacle. Prendre conscience est la première étape, et la plus importante. En fait, c'est même essentiel dans ce processus de construction des mentalités qui délite toute forme de société (cf le mariage pour tous).
L'équipe de rédaction ne vous enjoint à rien, nous n'en n'avons ni les compétences ni la prétention. Chacun fera ce qu'il aura à faire au moment opportun, cependant, il ne faut pas perdre à l'esprit qu'il n'y a rien pour acquis et que vérité et politique sont tout à fait discordants aujourd'hui.
Bonne fin de semaine